Algérie

La main-mise de la mafia du foncier



La main-mise de la mafia du foncier
Ça ne va pas du tout du côté des promoteurs immobiliers, une des plus importantes filières du secteur de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville en charge du nouveau ministre Youcef Cherfa. Tout indique que les promoteurs algériens sont confrontés à une situation très aléatoire. C'est ce qui ressort des déclarations des uns et des autres membres de l'Organisation nationale des promoteurs immobiliers (Onpi).Ils ont été récemment réunis dans le cadre des assemblées régionales pour l'élection de leurs représentants au bureau national. Tout concourt à dire qu'ils sont victimes de la corruption à l'origine des passe-droits dans l'octroi des terrains d'assiettes, propriétés du domaine public. D'autres difficultés empêchent tout développement de la filière. Tels le coût élevé et la faible qualité des matériaux de construction, la rareté de terres viabilisées, problèmes fonciers, planification urbaine inadéquate, financements inadaptés, déficit d'organisation, prolifération de l'informel, non-respect du code de l'urbanisme, l'absence prémédité et intéressé de recourir aux spécialistes de l'immobilier, les retards des paiements par l'Etat des promoteurs et des entreprises de construction. Il n'y a pas que ces aléas. Il y a également la présence sur le marché de promoteurs véreux, l'insuffisance de qualification des sociétés locales, le détournement d'une partie des fonds de migrants par des intermédiaires, le blanchiment d'argent notamment, l'occupation anarchique de l'espace, l'habitat précaire, l'attribution des zones inondables pour la réalisation des projets de logements sociaux, l'insécurité liée à une urbanisation irréfléchie. Et la liste est encore longue. S'y mêlent la poussée démographique, les inégalités dans la distribution spatiale de la population, dans la production sectorielle de richesses et dans l'accès aux services sociaux. Ces derniers facteurs expliquent l'exode rural et l'urbanisation massif son corollaire et l'explosion de la demande de logements. C'est dire que, malgré la réalisation des villes nouvelles comme Sidi Abdallah à Alger, Ali Mendjeli à Constantine, Draa Erich à Annaba, l'offre de logements n'a pas suivi l'évolution fulgurante de cette demande. La cause en est, selon plusieurs experts, les politiques inappropriées, le déficit notoire de vision et de volonté politique ferme pour servir réellement les populations aux revenus modestes. Pour l'heure, c'est une minorité qui, avec la complicité de certains ministres et walis, s'arroge le droit de choisir et de prendre les terrains d'assiette de leur choix. Arrivé à Annaba en 2012, il a suffit de la complicité du wali de l'époque pour que, depuis, le promoteur immobilier Baha Eddine Tliba «désigné» député, s'accapare de toutes les assiettes foncières viabilisées encore disponibles en zone urbaine de la commune chef-lieu d'Annaba. Or, en haut lieu, l'on ne cesse de marteler que la politique de l'habitat intervient en droite ligne avec celle économique d'expansion, de la planification et l'intervention de l'Etat dans tous les secteurs de l'activité économique. Celle-ci étant en crise pour baisse chronique du prix du pétrole, a changé la donne. Sont apparus d'autres facteurs négatifs comme la raréfaction des financements avec pour corollaire des prix en nette hausse à cause de l'inflation, l'extension rapide de l'habitat précaire et la spéculation foncière. On en saura un peu plus dans le dossier noir appelé à être révélé dans les prochains jours. Y sont cités outre un wali, un ministre, un directeur d'OPGI, des promoteurs immobiliers des chefs d'entreprises de construction, des intermédiaires et rabatteurs de la wilaya de Batna, des opérateurs économiques turcs, chinois et espagnols. Pour de nombreux acteurs directs des bureaux d'études, structures domaniales et agences foncières, des pratiques condamnables freinent la promotion immobilière. Et pourtant, cette filière est considérée comme étant un des principaux acteurs de l'habitat classés prioritaires retenus dans le programme de l'Etat en termes de politique du logement. «Cette priorité trouve sa raison d'être dans le secteur de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville considéré comme levier important pour apporter une réponse structurelle à la demande de logements des populations. Malheureusement, elle a été déviée par les faux promoteurs, y compris les OPGI sur lesquels il y a beaucoup de chose à dire». Cette déclaration fait l'unanimité dans le milieu de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville. Des membres de l'organisation nationale des promoteurs immobiliers ont exprimé leur conviction que la promotion au rang de ministre de Youcef Cherfa, l'ancien wali d'Annaba, est un blanc-seing à même de permettre à la mafia du foncier et de l'immobilier de s'accaparer du peu qui reste encore de terrains d'assiettes.


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