Algérie

La lutte de l'association AHLA Bouzguene pour la reconnaissance des droits des handicapés en Algérie



La lutte de l'association AHLA Bouzguene pour la reconnaissance des droits des handicapés en Algérie
Aujourd'hui, 24 personnes travaillent de manière permanente à l'association. (Ph./ Sunniva Rose)Aujourd'hui, 24 personnes travaillent de manière permanente à l'association. (Ph./ Sunniva Rose)
Active depuis plus de 10 ans, l'Association des handicapés et leurs amis (AHLA) de Bouzguene se bat pour la reconnaissance des droits des handicapés et pour leur meilleure intégration scolaire et professionnelle.
Briser le tabou du handicap : la tâche semble ardue. « Jusqu'à ce jour, la majorité des handicapés ne connaissent pas leurs droits », explique Baya Hammoum, secrétaire générale de l'Association des handicapés et leurs amis (AHLA) de Bouzguene et médecin généraliste. Pourtant, l'Algérie a signé la Convention Internationale relative aux droits des personnes handicapées en 2009. En outre, elle a promulgué une loi garantissant leur droit à l'éducation en 2008, mais son application reste limitée. Ainsi, les préjugés sociaux perdurent.
« Certains parents cachent leurs enfants handicapés, et même les médecins ne sont pas obligés de les déclarer », continue Baya Hammoum. Ce qui entraîne des problèmes dans le traitement du handicap. Saadi Shabi, qui assure la gestion administrative de l'association, a récemment dû se rendre trois fois dans la même semaine chez un directeur d'école à la retraite qui refusait que son fils trisomique de sept ans rejoigne le centre psychopédagogique de l'association. Au bout de 15 jours, le père a cédé. « Je ne comprends pas ce qui motivait ce refus. La honte, peut-être ' », s'interroge Saadi Shabi.
Tout a commencé en 2000, lorsque le père de Baya Hammoum, Saïd, s'est vu refuser l'accès aux célébrations de la journée internationale du handicap, sous prétexte que la salle était pleine. Lui-même mal voyant, il a décidé de fonder sa propre association qui inclurait les handicapés, ainsi que toute personne qui voudrait les soutenir. « D'où le nom : « Association des Handicapés et leurs amis ». Parce que les handicapés ont besoin de leurs amis pour fonder une association ! » sourit Baya Hammoum.
Succès du centre psychopédagogique
Aujourd'hui, 24 personnes travaillent de manière permanente à l'association. Elle dispose d'une équipe mobile d'appui à la scolarisation des enfants handicapés, qui sillonne 16 écoles et touche 118 enfants. Son centre psychopédagogique, ouvert en 2008, accueille 65 personnes handicapées et compte des éducateurs, un psychologue et un orthophoniste. Mais un an après son ouverture, le centre était victime de son succès.
Selon Baya Hammoum, « les directeurs d'école voulaient orienter en masse les enfants vers le centre, même ceux qui n'étaient pas handicapés mais peut-être atteint de troubles de l'apprentissage, ou de dyslexie ». Avec l'aide d'Handicap International et d'un éducateur français, AHLA Bouzeguène a réagi en menant un travail de recherche, afin de mieux connaître la population handicapée locale et l'accompagner dans la reconnaissance de ses droit : assurance, formation professionnelle, etc. L'association a recensé 1.025 handicapés sur 80.000 habitants, bien qu'elle estime que leur nombre réel est plus important.
La prochaine étape sera de fonder un Centre d'Aide par le travail (CAT) pour les handicapés adultes, qui fonctionnera comme une entreprise adaptée. Elle dispensera une formation continue et se spécialisera dans la production artisanale, telle que la brosserie, la cordonnerie, ou la couture. Le 28 octobre prochain, l'association organisera aussi un séminaire sur l'application du cadre du droit relatif à l'éducation inclusive des handicapés, avec le soutien de l'Ambassade de France.
(*) Maghreb Emergent vous propose une série de portraits des participants au Festival Algérie en mouvement, qui aura lieu du 12 au 16 novembre prochain en France, à Paris, Montreuil, Nanterre et Aubervilliers. Plus d'informations sur leur site web.


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