Algérie

La longue marche de la réconciliation



Une image des combats à AlepLa marge de manoeuvre de Moscou et de Washington reste étroite. Pour les Etats-Unis, la défaite de l'EI est une priorité absolue.Après avoir affiché un optimisme béat sur le retour de la paix grâce aux pourparlers de Genève, la communauté internationale découvre, avec surprise, la complexité de la situation avec des forces antagonistes diluées et complexes. Très vite, le Haut-Comité des négociations (HCN) parrainé par l'Arabie saoudite et les autres pays du CCG a claqué la porte au motif que la trêve n'est pas respectée. Or, certaines de ses factions sont connues pour avoir des liens étroits avec Al Qaïda et même l'Etat islamique auto-proclamé. En clair, la trêve semble avoir fait long feu, même si le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, s'efforce, depuis deux jours, d'en réanimer la flamme. Les différents acteurs sont en train d'affûter leurs armes et de baliser leur stratégie à la faveur des nouveaux rapports de force.Au départ, déjà, les positions paraissaient difficilement conciliables et n'eussent été les pressions communes de la Russie et des Etats-Unis pour imposer une trêve, rien ne serait sorti des conciliabules de Genève. Le régime, avant l'intervention de l'armée russe en septembre dernier, était certes dans une position précaire et, pourtant, il excluait tout compromis avec la «rébellion». Celle-ci se voulait intransigeante quant à la condition première du départ de Bachar al Assad. Est-ce à dire que, par miracle, les exigences des uns et des autres ont été modulées' Rien n'est moins sûr. Si le gouvernement syrien a adopté quelques concessions, le fossé entre les deux parties demeure encore profond, et l'opposition syrienne poursuit le rêve initial d'une victoire par les armes. Dans un tel contexte, la marge de manoeuvre de Moscou et de Washington s'avère étroite. Pour les USA, la défaite de l'EI est une priorité absolue. Pour les Russes, le soutien au président Bachar al Assad ne saurait se satisfaire d'une mise en cause, voire une régression, de leurs intérêts. Dans la stratégie de Damas qui exclut aussi bien l'EI que Jabhat al Nosra de l'accord de cessez-le-feu, une chose ne saurait en empêcher une autre et c'est pourquoi l'armée maintient son étau pour libérer Alep et s'ouvrir la route vers Deir Ezzor, aidée par les alliés russe et iranien, le Hezbollah et les éléments kurdes du YPG (Unités de protection du peuple). Les groupes terroristes, d'un côté, le régime de l'autre, ont, chacun, leur agenda politique et voudraient pouvoir s'assurer les positions les plus avantageuses, dans la perspective de l'assaut final. Ainsi, la bataille de Raqqa, où les forces du YPG voudront jouer les premiers rôles, constituera-t-elle un moment-clé, surtout que la réaction de la Turquie ne manquera pas de s'y greffer, Ankara craignant une menace kurde pour sa stabilité, sinon son intégrité territoriale. Autant de variables qui rendent aléatoire la démarche actuelle visant à imposer un cessez-le-feu sur les fronts d'Alep et de Raqqa sans règler les questions fondamentales.L'avancée de l'armée syrienne et ses victoires contre l'EI, Al Nosra, Djeich al Islam et d'autres, ne saurait se suffire à elle-même, dés lors que le problème politique demeurera pendant et que l'enjeu de la représentativité ne sera pas pris en compte dans le cadre d'une politique de réconciliation nationale. Autant dire que les armes parlent pour un temps, mais qu'il faudra bien qu'elles cèdent un jour la place au dialogue inclusif, lorsque les groupes terroristes auront été éradiqués.


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