Algérie

La longue marche de l'armée syrienne



Poutine et Bachar al Assad à la base aérienne de HmeimimDernier exemple en date de cette stratégie, en rupture avec «L'art de la guerre» de Sun Tzu, l'accord auquel sont parvenus les officiers russes pour obtenir l'évacuation de la ville de Deraa, dans le sud-est de la Syrie...
En deux ans et demi de combats acharnés, l'armée syrienne dont on ne donnait pas cher, courant 2015, lorsque les factions terroristes multiples, soutenues par la coalition internationale, frappaient aux portes de la capitale et jusque dans le fief du clan Al Assad, à Lattaquié, a renversé la tendance de manière spectaculaire. Puissamment soutenue par l'allié russe dont l'intervention fin septembre 2015 aura été déterminante, d'autant que la menace terroriste était majeure et visait directement la base maritime de Tartous, indispensable aux mouvements des sous-marins russes dans la Méditerranée, l'armée syrienne a balayé le territoire de Kusseir à la Ghouta orientale, en passant par Alep, engrangeant les victoires face aux rebelles et jihadistes, grâce aussi au concours de l'Iran et du Hezbollah libanais.
C'est ainsi que la tactique préconisée par le président Vladimir Poutine qui recommandait de négocier les redditions des extrémistes pour les transférer, des positions qu'ils occupaient vers la région d'Idlib, aura donné des résultats tangibles.
«Mettez-les dans le même panier, disait Poutine, et vous verrez qu'ils finiront par se massacrer les uns les autres.» Dernier exemple en date de cette stratégie, en rupture avec «L'art de la guerre» de Sun Tzu, l'accord auquel sont parvenus les officiers russes pour obtenir l'évacuation de la ville de Deraa, dans le sud-est de la Syrie va permettre au régime de récupérer après une dizaine de jours de combats la province méridionale dans laquelle se situe ce chef-lieu.
Avant 2015, l'ultime victoire décisive de l'armée arabe syrienne (dénomination officielle) a concerné la ville de Kusseir, dans l'ouest du pays. C'était en juin 2013, au terme d'affrontements sanglants que le régime syrien et son allié le Hezbollah libanais s'emparaient de la cité, frontalière du Liban et stratégique à plus d'un titre car elle relie la capitale Damas au littoral. Il faudra ensuite attendre 2016 pour que l'armée, soutenue par l'aviation russe, parvienne à chasser les rebelles et terroristes des places fortes de Salma puis Rabia, dans la province de Lattaquié.
Il convient de rappeler que la petite bourgade de Salma dont s'étaient emparées les factions extrémistes en juillet 2012 était alors sous la coupe d'Al Nosra, devenue ensuite Fateh al Cham, branche locale d'Al Qaïda, et de Ahrar al Cham, des islamistes radicaux. Au plus fort de ces deux batailles, le rôle des officiers russes et iraniens, notamment le général Souleimani, commandant de la force Al Qods des Gardiens de la Révolution, aura été décisif.
Le scénario va se dérouler ensuite à l'identique dans plusieurs bastions de la rébellion prétendument jihadiste, comme à Cheikh Meskine, en 2016 également. Située près de la frontière jordanienne, cette ville est importante car elle est au coeur de l'axe qui relie Damas à Souweïda. Viendra peu après le tour de Athmane, à quelques encablures de Deraa où les terroristes parviendront à se maintenir jusqu'à aujourd'hui.
La grande victoire de l'armée syrienne a eu lieu le 22 décembre 2016 quand elle a repris la totalité d'Alep, jadis capitale économique du pays. L'offensive soutenue s'est achevée par l'évacuation de plusieurs dizaines de milliers de terroristes et de leurs proches vers le nord de la Syrie, principalement à Idlib où ont été systématiquement regroupées toutes ces factions extrémistes. Les observateurs ont vu dans cette bataille décisive le tournant de la guerre en Syrie et la contribution des alliés de Damas aura été indéniablement constructive.
Trois mois plus tard, en mars 2017, le ministre russe de la Défense et l'armée syrienne confirment la reprise de Palmyre, cité antique au patrimoine hélas ravagé depuis sa prise en mai 2015 par Daesh.
Poursuivant cette marche glorieuse et résolue, les forces syriennes et alliées ont repris le 21 mai 2017 le contrôle total de Homs puis de plusieurs quartiers de Damas, comme Barzé, Qaboune et Techrine, évacuant là encore des milliers de terroristes vers le nord du pays. Les ultimes combats ont eu lieu fin 2017 à Boukamal contre Daesh, dans la province pétrolière de Deir Ezzor où les FDS kurdes, soutenus par les Etats-Unis, tentent d'imposer une carte spécifique au grand dam de la Turquie qui a pourtant soutenu plusieurs de ces factions extrémistes, puis dans la Ghouta orientale. Conjuguant les raids aériens et les bombardements intensifs de l'artillerie, l'armée syrienne et ses alliés russe et iranien ont pratiquement nettoyé la plupart des villes du pays, avec l'évacuation systématique des dizaines de milliers d'insurgés vers Idlib.
Suivront alors de petites bourgades du Qalamoun, au nord-est de Damas, comme Doumeir, Nassiriya ou Rouhaïba, puis le camp palestinien de Yarmouk dans la capitale et maintenant la ville de Deraa avec la province éponyme. Autant de combats, autant de victoires qui montrent combien le prix à payer aura été élevé et combien la marche pour aussi victorieuse qu'elle soit est loin d'être terminée. Car il reste deux bastions essentiels qu'il faudra bien, un jour ou l'autre, libérer, à savoir Deir Ezzor et Idlib. Et cela, l'état-major syrien s'y prépare d'ores et déjà.


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