Algérie

La longue agonie de la filière textile à Béjaïa Industrie manufacturière



La longue agonie de la filière textile à Béjaïa Industrie manufacturière
De notre correspondant à Béjaïa
Kamel Amghar

Maintenue sous perfusion depuis une vingtaine d'années, l'industrie textile algérienne survit dans des conditions extrêmement difficiles. Essentiellement étatique, la filière a été vivement affectée par la crise aiguë des années 1990. La chute des cours du pétrole, le renchérissement des matières premières, l'entrée de produits étrangers bon marché à la faveur de l'ouverture du commerce extérieur,
l'importation de vêtements usagés et une pléiade d'autres facteurs endogènes (effectifs pléthoriques, vieillissement de l'outil de production et manque de savoir-faire) concoururent à la longue agonie du secteur. Devant son incapacité à «entretenir» les nombreuses unités comme auparavant, l'Etat les proposent à la privatisation. Le mouvement syndical résiste à cette politique libérale et consent à faire des sacrifices pour sauver les principales filatures. L'encouragement des départs volontaires, l'acceptation de la retraite anticipée et la tolérance, dans certains cas, du «travail à temps partiel» réduisirent en effet les charges salariales. Malgré ce dévouement, la facture
restait lourde : une vingtaine d'entreprises dissoutes (essentiellement privées), la perte de 180 000 emplois, dont 150 000 dans le secteur privé et une lourde ardoise de dettes et d'impayés auprès des fournisseurs et des assureurs. Depuis le début des années 2000, les plans de charge publics, destinés essentiellement aux corps constitués et aux 'uvres universitaires, permettent d'assurer une espèce d'équilibre aux 27 filatures encore en activité et une viabilité au jour le jour. Quatre de ses unités, qui comptent parmi les meilleures, sont implantées à Béjaïa. L'Algérienne des cotonnades et du velours (Alcovel-SPA), domiciliée à Akbou, se présente comme un leader en matière de modernisation de sa gestion et de ses process industriels. Le complexe intégré (filature, tissage et finissage), qui produit des velours d'ameublement et d'habillement, des toiles et de la literie (draps, couvertures), est aujourd'hui certifié aux standards de référence. En plus du marché local, Alcovel a déjà réalisé des opérations d'exportation concluantes. Suivant le même parcours, Alcost-SPA (Algérienne du Costume), qui habille les corps constitués (uniformes) et propose une large gamme étécproduits sur le marché local, se met aussi progressivement à l'heure de la concurrence. Démarches de certifications, plan d'investissement ambitieux et partenariat en perspective avec un important groupe turc, ouvrent de nouveaux horizons à cette unités de 500 salariés. Sentex-SPA de Kherrata, spécialisée dans l'ennoblissement du textile (teinture, dessins, motifs'), sous-traite les commandes des deux entités précédentes et compte dans son registre de clients beaucoup de boîtes privées opérant dans la confection et le prêt-à-porter. L'entreprise a élaboré un plan de développement et de modernisation qui attend l'aval du Groupe de tutelle (textile, maroquinerie et cuir). La même situation caractérise le complexe Alfaditex-SPA, implanté à Sidi Aïch, qui propose un large éventail de produits sanitaires et textiles divers. Cette entreprise de 600 salariés sort aussi doucement la tête de l'eau.
Dans le but affiché de diversifier progressivement son économie, l'Algérie a lancé ces dernières années nombre d'initiatives pour relancer le secteur industriel. Subventions, crédits bonifiés, effacement de dettes, allègement fiscaux, les recettes sont multiples. Le secteur du textile compte visiblement saisir cette perche pour se remettre durablement à flot.


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