Algérie

La loi des s'ries : affaires et scandales en cha'ne



Par Zineddine Sekfali 'Bon app'tit, messieurs ! ' ministres int'gres ! Conseillers vertueux ! Voil' votre fa'on De servir, serviteurs qui pillez la maison ! ' (Ruy Blas. V. Hugo )
Les deux affaires de corruption Sonatrach-Eni-Saipem et Sonatrach-Lavalin, rendues publiques fin f'vrier par les presses italienne et canadienne, puis les r'v'lations faites par des quotidiens alg'riens sur les agissements douteux de certains d'put's membres du comit' central du FLN prouvent qu''il y a bien quelque chose de pourri en Alg'rie'. Si cette vague d'affaires et de scandales n'a apparemment ni surpris ni 'mu ceux qui, en Alg'rie, sont cens's, de par leurs responsabilit's dans l'Etat, lutter contre les trafics et les magouilles qui s'y commettent, elles ont par contre provoqu' dans l'opinion publique alg'rienne un d'go't ' vomir et une col're difficilement contenue. A l''tranger, elles ont ruin' le peu de r'putation qui restait ' l'Alg'rie. D'ores et d'j', on s'attend ' ce que l'Alg'rie, par la faute de quelques malfrats, soit class'e au tableau de l'ignominie des pays les plus corrompus du monde. Alors qu'une premi're affaire Sonatrach ouverte au p'le sp'cialis' de la cour d'Alger n'est toujours pas jug'e, les Alg'riens ont donc d'couvert, t'tanis's, qu'il existe deux nouvelles affaires SH. Beaucoup appr'hendent qu'il y en ait d'autres encore. De tous les d'ballages faits ' l''tranger, par des juges 'trangers dont l'ind'pendance et l'impartialit' ne sauraient 'tre mises en doute, l'opinion publique nationale retiendra, quoi que l'on fasse et que l'on dise, que SH et certaines structures de l'Etat, sont devenues une chasse gard'e au service et au profit exclusif d'une bande de rapaces alg'riens et 'trangers. Ce qui suscite encore plus de rage, c'est que ces individus sans foi ni loi n'ont, semble-t-il, rien ' craindre ni des services de s'curit' ni de la justice, car le laxisme, l'incomp'tence et d'influents parrains leur garantissent l'impunit' absolue. On a, par ailleurs, not' qu'except' le ferme message pr'sidentiel du 24 f'vrier 2013, les r'actions des politiques ' ces graves affaires ont 't' jusqu'' pr'sent plut't timides ou timor'es ou franchement hors sujet. Comme d'habitude, il y a ceux qui aiment supputer et conjcturer, pour syst'matiquement conclure au complot ourdi contre l'Alg'rie par des 'trangers avec la complicit' de tra'tres ' la patrie. Ce faisant, ces commentateurs se donnent, ' peu de frais, une bonne conscience et une stature de patriote. D'autres, s'attribuant la qualit' de cadres sup'rieurs ou d'experts, tentent de minimiser les m'faits signal's en les r'duisant ' 'des agissements individuels' ou, selon l'expression d'sormais consacr'e, ' 'des actes isol's'. Pour eux, il n'y a ni association de malfaiteurs ni entente criminelle. Ils vont donc orienter la justice et, le cas 'ch'ant, la vindicte populaire vers les lampistes, les sous-fifres et le menu fretin, sauvant ainsi les grands mafieux. Les seules r'actions dignes d'int'r't sont ' mon sens celles exprim'es par deux technocrates : Hocine Malti, ancien cadre sup'rieur du secteur p'trolier, et Nicolas Sarkis, expert international sp'cialis' dans le domaine des hydrocarbures. L'un s'est adress' au chef du DRS, l'autre au chef de l'Etat. Leurs lettres, v'ritables cris d'alarme, peuvent 'tre r'sum'es ainsi : 'Attention, la pourriture a atteint un degr' insupportable et il y a risque d'explosion ! Il est grand temps de nettoyer et d'assainir !' En effet, trop c'est trop ! Apr's la scabreuse affaire El Khalifa Bank, qui donna lieu ' un proc's escamot' comme une mauvaise pi'ce de th''tre, puis l'affaire de l'autoroute Est-Ouest qui s'est perdue dans les m'andres de la proc'dure et les d'clarations sinueuses des t'moins et des mis en cause, enfin les trois affaires SH, l'Etat doit se ressaisir, prendre les mesures salvatrices qui s'imposent et utiliser tous les moyens l'gaux connus tels que les condamnations ' de longues peines de r'clusion, les saisies et ventes au profit du tr'sor des biens meubles et immeubles des condamn's, et s'agissant des entreprises 'trang'res corruptrices, les saisies de leurs biens et 'quipements situ's en Alg'rie, le blocage des comptes ouverts dans des 'tablissements financiers alg'riens, la fermeture de leurs locaux, les interdictions de s'jour et d'exercice de toute activit' en Alg'rie' En effet, la corruption ayant infect' presque toutes les parties du corps social, aucun traitement m'dical ne peut suffire ; il faut recourir ' la chirurgie, pour prot'ger notre 'conomie nationale du pillage et la pr'munir de ce fl'au mortel. Est-ce que cela est encore possible ' Devant l''normit' du mal et sa profondeur, on peut en douter. En tout cas, la lutte contre la corruption, une fois d'clench'e, devra 'tre conduite sans 'tat d''me et de mani're implacable. Il est par ailleurs remarquable qu'en m'me temps que ces affaires SH, l'opinion publique nationale prenait connaissance, gr'ce ' la presse, de stup'fiantes r'v'lations concernant certains membres du comit' central du FLN, et ci-devant d'put's ! En plus du fait que ces individus n'ont pas cru utile de s'expliquer ou d'mentir les m'faits que la vox populi leur reproche et que le code p'nal appelle corruptions, d'tournements, escroqueries, faux et usage de faux et trafics d'influence, on ignore si des enqu'tes ou des informations judiciaires ont 't' d'clench'es. Rappelons en effet ici que la loi oblige les officiers de police judiciaires et les procureurs, lorsqu'il est port' ' leur connaissance des faits constitutifs d'infractions, de proc'der au moins ' une enqu'te. Rappelons aussi que les parquets peuvent faire enqu'ter sur des faits, m'me si leurs auteurs ne sont pas connus, et requ'rir des instructions contre 'X'. Rappelons enfin que la proc'dure de lev'e de l'immunit' parlementaire n'est en aucune fa'on un obstacle ' l'ouverture d'une enqu'te ou d'une instruction contre 'X'. Or, on croit savoir qu'il n'y a eu lieu ni enqu'te ni instruction. On le d'plore vivement, d'autant plus que, depuis quelque temps, les magistrats revendiquent haut et fort leur ind'pendance. Voil' donc une occasion rat'e par les juges et procureurs d'inscrire dans les faits leur ind'pendance et de la faire respecter par ceux qui veulent la leur confisquer ! Mais au-del' des questions juridiques que je viens d''voquer bri'vement, ce qui m'attriste le plus, c'est qu'il n'y a pas longtemps, on pouvait lire dans les documents id'ologiques du Parti FLN, en l'occurrence la charte de 1976 et celle de 1986, des phrases comme celles-ci : 'On ne peut poss'der des affaires ou y 'tre int'ress' et assumer des responsabilit's dans le Parti et l'Etat' C'est l' une contradiction qu'il faut 'liminer sans r'serve, si l'on veut 'viter le risque de voir s'instaurer des d'viations dangereuses.' Il y avait des mises en garde quasi proph'tiques contre 'les app'tits malhonn'tes devant les biens du peuple' et contre 'le secteur parasite ou compradore', et cette injonction : 'ce secteur doit 'tre non seulement combattu et 'limin' et 'son influence insidieuse' enray'e'. Je terminerai ces rappels par cette phrase r'dig'e comme un article de loi : 'Int'grit', engagement, comp'tence sont les trois crit'res fondamentaux auxquels doit r'pondre chaque cadre.' Il n'y a rien ' mon avis de 'r'tro' dans ces rappels, tant ces phrases restent actuelles, alors m'me que toutes les chartes sont, juridiquement parlant, caduques et que le FLN d'aujourd'hui ne ressemble en rien, id'ologiquement parlant, ' celui de nagu're. Comme tous les autres partis alg'riens, il est saisi par la fi'vre du pouvoir pour le pouvoir, par l'approche de certaines 'ch'ances 'lectorales et par une course effr'n'e aux postes. L'alpha et l'om'ga de la politique, c'est devenu pour les dirigeants de tous les partis comment devenir ministre, d'put', s'nateur ou, ' d'faut, maire ou pr'sident d'APW. Et pour cela, tous les moyens sont 'bons', en particulier les trucage, fraude et corruption. Or, le FLN actuel, qui a beaucoup chang' par rapport au FLN historique, reste profond'ment diff'rent des autres partis. Que ces derniers 's'encanaillent en recrutant des hommes de sac et de corde', on est en droit de s'en moquer. Par contre, il ne saurait 'tre permis au FLN de se laisser infiltrer au point de ressembler ' un club d'affairistes qui croient que le FLN et l'Alg'rie leur appartiennent. L'Alg'rie n'a jamais appartenu au FLN. Le FLN appartient ' l'Alg'rie et fait partie de son histoire. Mais le FLN d'aujourd'hui va tout droit au naufrage, car il s'est imprudemment ouvert au monde interlope des affairistes. De surcro't, dans leur recherche haletante d'un secr'taire g'n'ral, les 'FLnistes' ne cessent de se d'chirer et de se diviser en clans. M'me dans les pires crises, on n'a pas vu pareil charivari ! L'impression qui se d'gage de cette agitation politicienne mais tr's peu politique, c'est que beaucoup de nos 'politiciens' ont atteint le seuil de Peter ou sont entr's, comme dirait un m'decin, dans la phase des pertes neuronales, D'o' cette question : la g'n'ration des r'volutionnaires, qui est en train de dispara'tre, n'a-t-elle plus rien ' transmettre en mati're d''thique, de rigueur, de valeurs et de principes ' Quelles orientations et quel projet de soci't' est-elle encore en mesure de proposer ' la jeunesse ' Malheureusement, il est ' craindre qu'avec leur d'part ne disparaisse ' tout jamais l'espoir exalt' qui a longtemps anim' les Alg'riens pour ne laisser que d'senchantement et abattement. Ce qui, t't ou tard, mettra gravement en danger la paix sociale et la tranquillit' publique.


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