Algérie

La loi des députés et la fetwa des imams


Ali Aya a estimé que «le salaire de 80 000 DA pour les imams est un minimum»Si pour les députés, la revendication salariale n'est pas un fait nouveau, pour les imams en revanche, c'est une première dans les annales du syndicalisme algérien.
Comme pour détourner l'attention sur le vrai débat, celui du règlement intérieur et de l'absentéisme au sein de l'hémicycle, les députés ont remis au goût du jour la revendication salariale. Lors de l'examen du projet de loi relatif au règlement intérieur du Parlement, il y a trois jours, les élus de la majorité ont focalisé l'essentiel de leur intervention sur leur propre statut. Les députés du FLN et leurs collègues du RND constituant l'écrasante majorité de l'Assemblée se sont-ils passés le mot pour converger sur un même sujet' Il faut croire que c'est le cas, à voir la «conviction» et l'engagement qu'ils mettent en abordant cette «sérieuse» question. «Scandale!» crie, la députée du FLN Akila Rabhi.'«Le député est réduit à néant. Il travaille dans l'anarchie et sans conditions de travail décentes.» «26 millions de centimes par mois sont insuffisants. L'histoire retiendra que l'APN n'a mis aucun moyen à la disposition des députés pour accomplir leur mission», dénonce-t-elle. Son collègue du RND Ferhat Chabekh pointe du doigt les médias incompréhensifs à ses yeux. «Les journalistes évoquent à chaque fois les salaires des députés et oublient les salaires faramineux des cadres de l'Etat», a-t- il regretté non sans souligner que la presse nationale menait une «campagne de dénigrement (...) contre les députés en se focalisant sur leur rémunération». Selon les statistiques rendues publiques par l'Office national des statistiques algérien (ONS), le salaire net moyen mensuel était globalement de 39.900 dinars dans le secteur public contre 32.600 dinars dans le secteur privé. Et combien perçoit le député' Le journal on line Algeriepatriotique répond à cette question: le salaire de 260.000 dinars perçu par les députés algériens, représente uniquement la partie nette de ce dernier. Si l'on ajoute tous les autres frais de prise en charge des représentants du peuple on arrive à un salaire global brut «de 420.000 dinars (environ 3600 dollars,) sans compter les primes, les privilèges et d'autres avantages», note ce site d'information. Qu'à cela ne tienne. L'Algérie est un pays riche et ses députés doivent être grassement rémunérés. Surfant sur ce filon, les imams estiment que la rente pétrolière doit ruisseler jusqu'à eux, suinter jusqu'à eux. Dans un appel lancé au président de la République, ils ont revendiqué un salaire de 80.000 DA et pourquoi pas des véhicules!. S'exprimant dans une émission sur la chaîne Ennahar TV, l'imam de la Grande mosquée d'Alger Ali Aya, a estimé que «le salaire de 80.000 DA pour les imams est un minimum». Il a placé la barre plus haute allant jusqu'à revendiquer, en plus des voitures, des villas: « L'imam doit également pouvoir bénéficier d'un logement social, et pourquoi pas d'une villa construite sur un terrain qu'on lui accorde (...)», a-t-il prétendu. Le mouvement semble prendre une tournure encore plus sérieuse quand il s'exprime sous la houlette de la Centrale syndicale. La Coordination nationale des imams a durci le ton avant-hier. L'essentiel des revendications de cette Coordination affiliée à l'Ugta porte sur «la révision du statut de l'imam, la revalorisation salariale à travers la révision des primes, la dépénalisation du métier de l'imam, l'ouverture d'une formation continue dans les universités et l'application du principe d'égalité des chances», a précisé la Coordination des imams affiliée à l'Ugta. Leur coordinateur, Djelloul Hadjimi, déplore le fait que «le ministre des Affaires religieuses ne nous considère pas comme un partenaire social à même de débattre des problèmes de nos adhérents et de notre secteur. Nous demandons au ministère des Affaires religieuses de nous considérer en tant que tel».
La semaine dernière, ils ont observé un sit-in devant le siège central de l'Ugta qui se voulait comme l'ultime rassemblement pour sensibiliser les responsables du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs quant à l'amélioration de leur situation et la révision de leur statut.
Situation inédite. A ce rythme, les mosquées risquent d'être fermées faute d'imams. Iront-ils jusqu'à refuser par exemple d'officier les prières du vendredi' On assistera dans ce cas à une situation inédite dans les annales de la pratique du culte musulman. Pour l'heure, on est loin de ce scénario invraisemblable: les imams maintiennent la pression.
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