Le système LMD sera généralisé
Nonobstant le non du PT et l’abstention du FNA, la loi d’orientation sur l’Enseignement supérieur a été adoptée, à la majorité, par les députés de la première Chambre du parlement.
Le système LMD (licence-master-doctorat) sera ainsi consacré quatre années après son lancement, à l’heure où l’université de Bejaia est paralysée et où pas moins de 20.000 étudiants de l’Ouest menacent de débrayer. En sus, quelque 45 amendements issus pour la plupart des représentants du Parti des travailleurs et du RCD, proposés au vote, ont été rejetés. Ils portaient essentiellement sur l’article 43 bis 1 qui propose, selon eux, la privatisation de l’université et le démantèlement du système classique remplacé par le nouveau système LMD. Ce que récuse la commission parlementaire qui trouve que le système LMD est une panacée susceptible de relancer une dynamique dans les structures de l’Enseignement supérieur et adapté aux besoins du marché. Du coup, la commission de l’Education et de l’Enseignement supérieur à l’APN soutient que les dispositions relatives à l’ouverture du Supérieur au secteur privé ne signifient en aucun cas la privatisation de l’université. Du moment où il ouvrait grandement les portes à l’investissement et à un encadrement meilleur. En dépit de l’ambiguïté qui caractérise l’article 43, objet de critique, la commission soutient mordicus que le secteur de l’Enseignement supérieur assurera pour toujours le service public.
D’autant plus qu’elle en a rajouté un amendement (Pour lever, selon elle, toute équivoque) qui ouvre droit à toute personne morale de créer une structure privée de l’Enseignement supérieur, genre SPA, sous condition de s’en tenir à un cahier des charges qui, du reste, risque de ne jamais être respecté. Mais voilà, il y a la donne que l’ouverture au privé pourra garantir un bon enseignement aux étudiants qui en choisissent l’option. Mais les députés du PT ne le voient pas de cet œil et craignent que le remake des écoles privées, au tout début de leur lancement, ne se réédite, à savoir voir des écoles fermées après une anarchie et une cacophonie monstres. Ces députés ont été très critiques à l’endroit de cette loi qu’ils qualifient de discriminatoire puisqu’elle exclura, selon eux, des pans entiers d’universitaires issus de familles défavorisées. En plaidant pour la limitation du champ d’intervention du secteur privé dans la sphère universitaire, limité depuis la loi 99/05 aux seules filières techniques. Pour les représentants du parti de Louisa Hanoune, la rentrée universitaire 2007/2008 n’a accueilli que 30% des étudiants inscrits dans le système LMD. Ces derniers ont été amenés, selon les députés du PT, à force de chantage, à rejoindre ce système contre leur volonté. Dans leur argumentaire, les députés du PT citent le cas de l’Université Mouloud Mammeri où le taux d’échec dans ce nouveau système frôle les 75% pour les sciences exactes et les 80% pour l’informatique. En outre, les parlementaires du Parti des travailleurs estiment que l’incidence dans l’application du LMD sera désastreuse sur la qualité des diplômes (Diplôme light ou à la carte) avec un volume horaire de 24h par semaine au lieu de 36h et des modules dispensés en 3 semaines au lieu de six mois. En dernier, les diplômes perdront, selon eux, peu à peu, de leur caractère national qui faisait leur force auparavant pour devenir de simples diplômes régionaux soumis au diktat des entreprises et de leur besoins sur le marché. D’ailleurs, le premier colloque sur le LMD, explique une députée du PT, a mis en garde contre l’émiettement du savoir consacré par ce système de mobilité et la disparition de la recherche. Pour sa part, les députés du RCD estiment que le LMD n’encourage pas l’autoformation, étant donné que la documentation dans les bibliothèques reste insuffisante. Les représentants du RCD défendent le choix que doit avoir l’étudiant entre le système classique et celui du LMD. En regrettant de voir dans les conseils d’administration de l’Université de Bejaia un représentant des opérateurs économiques. Ce qui confortera, selon eux, le caractère régional des diplômes. «La science est neutre. On ne peut pas l’adapter selon une orientation politique et idéologique. Le seul bénéficiaire, lors de cette séance de vote, est bien le ministre de l’Enseignement supérieur, Rachid Haraoubia, qui s’est félicité de l’adoption de la loi ouvrant ainsi une dynamique de réforme. La communauté universitaire, quant à elle, soutenue par le CNES, est en grogne.
Abed Tilioua
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Posté Le : 14/01/2008
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com