Algérie

La littérature amazighe tient colloque



Il s'agira, en effet, de mettre la lumière sur plusieurs aspects de cette littérature souvent orale et très souvent écrite dans d'autres langues.Un colloque ayant pour thème «La littérature amazighe dans l'espace littéraire algérien» aura lieu à l'université Mouloud-Mammeri en février prochain.
Les organisateurs précisent que cette rencontre où interviendront des universitaires et des chercheurs des quatre coins du pays, se veut un espace de réflexion sur la littérature amazighe qui a tant besoin de se dire et de se redire à travers la traduction, l'innovation, l'imagination, la critique, etc.
«Les chercheurs, de tout horizon, sont invités à réfléchir sur ces problématiques soulevées, mais également à élargir le champ de la réflexion», indique-t-on.
Les différentes grandes lignes de ce colloque ont trait à la littérature amazighe dans le champ de la critique littéraire algérienne, la littérature amazighe et la problématique de la traduction, la littérature amazighe entre la périphérie et le centre, le rôle des médias dans la préservation de la littérature amazighe et la représentativité de la littérature amazighe dans la création littéraire algérienne écrite en arabe et en français ainsi que la littérature amazighe entre réalité politique et fiction littéraire.
L' âne d'or
Les organisateurs de cette rencontre rappellent que la littérature amazighe soulève de nombreuses questions et problématiques auprès des chercheurs et ceux qui s'y intéressent, et spécifiquement après son passage de l'oralité à la codification et l'écriture.
En effet, la littérature amazighe est une littérature ancienne, datant de trois mille ans avant J.-C. et, malgré son ancienneté, l'histoire n'a pas gardé une littérature écrite dans la langue mère. Certes, des textes écrits par des auteurs d'origine amazighe existent, mais ils sont écrits en latin. Le premier Amazigh à avoir signé un livre n'est autre que Apuleus Lucius (Apulée), écrivain romain d'origine berbère et auteur de L'âne d'or. Saint Augustin, d'origine numide, écrit les Confessions, premier récit autobiographique. Ces oeuvres sont, cependant, écrites en latin. Les organisateurs qui rappellent tous ces éléments historiques ajoutent que la littérature amazighe est, par ailleurs, restée orale jusqu'au XIXe siècle. Après cette époque, elle émerge grâce au concours d'une élite intellectuelle formée dans le domaine des études littéraires et culturelles amazighes, élite ayant tenté de codifier et d'écrire dans cette langue.
Dans la même perspective, il faut rappeler que le contexte alimentant cette littérature est essentiellement politique, celui de la marginalisation de l'identité amazighe dans les espaces officiels, en particulier l'écriture, enchaine-t-on.
Une littérature peu connue
Dans la problématique dudit colloque, il est rappelé aussi, que des tentatives d'écriture ont permis l'émergence de plusieurs oeuvres de création dans différents domaines.
«Par ailleurs, il faut noter d'un point de vue historique que la plupart des études qui ont été menées sur la littérature amazighe, sont produites par des orientalistes occidentaux en général et français en particulier. Leur visée était principalement coloniale», relève-t-on. Et d'enchainer: de nos jours, on s'accorde à dire que cette littérature demeure enfermée dans un carcan, elle est tributaire de son cadre local dont la source lui vient des expériences régionales diversifiées en différentes variantes de la langue amazighe.
La littérature demeure aujourd'hui peu connue. Si elle l'est, elle passe par la médiation d'une autre langue telle que l'arabe ou/et le français à travers la traduction. Cette dernière pratique médiatise la civilisation et la culture de sorte à la faire connaître et surtout à faire connaître ses pratiques.
La traduction reste une passerelle entre les civilisations, entre le Même (amazighe) et l'Autre, reste- t-elle toutefois suffisante pour promouvoir une culture pour l'inscrire dans la sphère universelle' Peut-on se suffire de la présence marginale de quelques images figuratives, à l'instar de «Lundja», dans des textes littéraires pour conclure à la présence d'une littérature capable de rivaliser avec les autres' Ce sont là des questions auxquelless des réponses seront tentées d'être données lors du colloque en question.
La problématique du colloque déplore en outre l'absence d'une critique littéraire qui prendrait en charge cette littérature, si jeune soit-elle. «Nous n'ignorons pas la présence de quelques tentatives telle celle de Hafnaoui Baâli dans les Classes de littérature numide.
La critique pourrait inscrire le texte dans des canaux de lectures potentielles, lui permettant de se renouveler à travers des réécritures, pourquoi pas à travers d'autres arts», conclut-on.


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