Algérie

La limite technique de l?émeute



Jeudi, un village désolé mais amusant de l?intérieur du pays fomentait une émeute, juste pour rire, juste parce qu?il fait chaud et que les plages sont loin. La semaine d?avant, c?était Oran, où les habitants de Sid El Houari affrontaient la police pour protester contre les attributions de logements. Samedi dernier, c?était une localité de Boumerdès qui bloquait une route pour protester contre l?état de leurs routes justement, qui empêche toute évacuation d?urgence. Hier, c?était un village de Tiaret qui manifestait violemment, énervé par la pénurie d?eau. Et pour cause, le village ne reçoit de l?eau que deux heures tous les deux mois, soit au-dessous du niveau d?hydratation d?un chat de rue. Deux semaines avant, c?était Hassi Messaoud qui manifestait méchamment contre le chômage. En ce début d?été, des 4 coins du pays, l?Algérien s?énerve, pour des raisons différentes mais qui toutes se rejoignent en un point, autour de l?inefficacité des pouvoirs publics. Ils ne construisent pas assez de logements, ne créent pas d?emplois, ne réparent pas les routes et ne savent pas trouver de l?eau. L?Algérien en colère ? Un dirigeant, cynique, logique mais méprisant, pourrait raisonner ainsi : pourquoi veut-il un logement puisqu?il n?y a pas d?eau dedans ? Et même s?il y en avait, il ne pourrait pas la payer puisqu?il n?a pas de travail. Et s?il en trouve un, il ne pourrait même pas se rendre au bureau puisqu?il n?y a pas de routes. Un émeutier, décidé, cruel mais égalitariste, pourrait raisonner autrement pour être plus efficace : aller habiter dans la cour du ministre du logement, travailler la journée chez le ministre de l?emploi et remplir ses jerricans le soir dans le jardin du ministre de l?eau, sans perdre de temps puisqu?ils ont tous de belles routes devant chez eux. Seul problème, il risque de rencontrer le ministre de la police dans le quartier.


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