La Ligue arabe pas pressée... Edito : les autres articles

La Ligue arabe serait-elle une victime indirecte du conflit syrien ' Comment en effet ne pas le croire quand elle décide de reporter une réunion dont elle n'a cessé de souligner le caractère urgent ' La réunion en question devait se tenir hier en Arabie Saoudite afin d'«étudier les développements en Syrie et l'action politique» à entreprendre après la démission, il y a dix jours, de l'émissaire conjoint ONU-Ligue arabe, ainsi que son remplacement. Voilà donc le contenu du communiqué, à la fois concis et imprécis, diffusé samedi. Il y avait réellement urgence, surtout face à l'impasse dans laquelle a été plongée la diplomatie.
La Syrie, effectivement, s'enfonce chaque jour davantage dans son conflit, qui a déjà fait pas moins de 21 000 tués depuis février 2011. En outre, le pays s'enfonce dans le chaos, avec au bout, un risque de partition. Comme l'a déjà dit l'ex-émissaire de l'ONU, Kofi Annan, la Syrie n'est pas au bord de l'implosion, mais bien de l'explosion qui embrasera toute la région. Malgré cette menace, le monde est frappé d'immobilisme. La Ligue arabe a fait savoir hier que la réunion qu'elle avait elle-même convoquée pour le même jour «a été reportée à une date ultérieure», même si, devrait-on dire en toute logique, l'urgence n'attend pas, sinon ce n'est plus le cas. Une telle décision suscite l'étonnement, mais aussi nombre d'interrogations, la première étant, bien entendu, pourquoi ce report ' Pourquoi effectivement, sachant que la rencontre en question n'a été décidée qu'après l'accord préalable des Etats membres '
En annonçant sa tenue et en la qualifiant d'urgente, la Ligue ne faisait que rapporter un accord en son sein au sujet de cette réunion, et par voie de conséquence, ne pouvait en prendre l'initiative. Une bien mauvaise image du Monde arabe, empêtré, dira-t-on alors, dans ses contradictions. Sauf bien entendu à vouloir rechercher l'efficacité. Ou réunir le plus large consensus possible quitte à bousculer le calendrier et ne plus respecter l'urgence. La réunion prévue hier doit être suivie aujourd'hui au même niveau et dans la même ville de Djeddah, par celle de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), et ensuite, demain, d'un sommet extraordinaire de cette organisation, avec pratiquement le même ordre du jour, c'est-à-dire le conflit syrien.
Sinon qu'il en sera le sujet dominant. Autant de réunions urgentes et extraordinaires, ce qui serait normal pour des situations de même nature, mais l'opinion a bien le droit de suivre un tel mouvement diplomatique, car le communiqué d'hier ne renseigne en aucun cas sur les raisons du report décidé quelques heures auparavant. Rien alors n'empêche de conclure à l'existence de divergences, et la Ligue n'en a jamais manqué, mais aussi de divisions, le conflit syrien ayant en fin de compte servi de révélateur, sans que les Syriens qui continuent de mourir en bénéficient.