La Ligue arabe détournée '

Il y a exactement une semaine, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Larbi, a déclaré au Caire que l'organisation qu'il préside n'a mandaté aucun pays pour intervenir militairement en Syrie.Malheureusement, ce n'est pas le même langage qu'a tenu le ministre du Qatar qui, intervenant au nom de la Ligue arabe, a indiqué que l'organisation est favorable à des frappes militaires contre la Syrie et dans les plus brefs délais. Qui a mandaté le ministre des Affaires étrangères du Qatar à s'exprimer au nom de la Ligue arabe ' En effet, lors de la réunion tenue au Caire, la semaine dernière, la majorité des pays arabes ont déclaré qu'ils refusaient toute action militaire étrangère contre la Syrie en dehors du Conseil de sécurité. S'exprimant au cours de la conférence de presse, Nabil Al Arabi, le secrétaire général de la Ligue a indiqué que l'organisation n'a mandaté aucun pays pour intervenir militairement contre la Syrie. Il est de même lors des interventions des ministres arabes (à l'exception du représentant de l'opposition syrienne, de l'Arabie saoudite et du Qatar) qui ont rejeté toute action militaire contre la Syrie. Sur les 22 pays, 18 ont souhaité à ce que des sanctions soit prises contre le régime de Bachar Al Assad indiquant qu'ils refusaient toute intervention militaire étrangère en Syrie. Au cours de la même réunion, les ministres de la Ligue arabe ont demandé à l'organisation onusienne de prendre ses responsabilités au sujet de la Syrie. Depuis, aucune réunion de la Ligue arabe n'a été tenue et/ou un communiqué n'a été rendu public de cette organisation au sujet de la Syrie. Avant-hier, l'opinion publique a été choquée de voir le ministre du Qatar tenant une conférence de presse, de s'exprimer au nom de la Ligue arabe à Paris. Ce dernier a indiqué que les pays arabes souhaitent une intervention militaire et rapide contre le régime syrien. «Il y a plus de deux ans que le peuple syrien demande à la communauté internationale de le sauver de la barbarie du régime de Bachar Al Assad», a déclaré le ministre des Affaires étrangères du Qatar. Le lendemain, c'est Nassif Hitti, l'ambassadeur de la Ligue arabe en France, qui a «contrecarré» le faux représentant de la ligue arabe en l'occurrence, le ministre des affaires étrangères du Qatar. «La Ligue arabe soutient toute action qui s'inscrit dans le principe de l'autodéfense basé sur l'article 51 de la Charte, où d'une action entièrement établie dans le cadre du Conseil onusien», a-t-il expliqué. Si une intervention devait intervenir en dehors de ces deux cas, il revient à «chaque pays de dire ce qu'il pense de toute action unilatérale» sans impliquer la Ligue arabe, a-t-il expliqué. De son côté, le secrétaire général des Etats-Unis d'Amérique M. John Kerry a voulu induire en erreur l'opinion publique en déclarant que la ligue arabe soutient une intervention étrangère contre la Syrie. Il a invité le ministre des Affaires du Qatar et le secrétaire général de la Ligue arabe, M. Nabil Al Arabi. «Nous étions unanimes à dire que le recours odieux par Assad aux armes chimiques (...) a franchi une ligne rouge internationale», s'est félicité M. Kerry à l'issue de la conférence de presse, tenue conjointement avec le ministre des affaires étrangères du Qatar. Pourtant, le secrétaire général de la ligue arabe M. Nabil Al Arabi était à Paris mais n'a pas voulu s'exprimer publiquement. «Un certain nombre de pays ont immédiatement signé le communiqué» du G20, endossé par douze pays, appelant à une «réponse forte» en Syrie, a ajouté M. Kerry. Parmi eux, l'Arabie Saoudite et le Qatar qui soutiennent l'opposition syrienne. Les autres feront une annonce dans les 24 heures, a-t-il ajouté. En réponse à M. Kerry, la chancelière Allemande, Mme Angela Merkel a déploré l'empressement des pays de l'Union européenne (UE) qui ont signé dès vendredi l'appel à «une réaction forte en Syrie». «Je ne trouve pas cela correcte que cinq grands pays se mettent d'accord sur une position commune, sans les 23 autres qui ne peuvent pas être là, tout en sachant que 24 heures plus tard, les 28 se retrouveront autour d'une table», a expliqué la chancelière en réunion de campagne pour les élections législatives qui se tiendront dans deux semaines. En somme, si deux ou une minorité de pays occidentaux tentent de mettre main basse sur l'union européenne au sujet de la Syrie, la Ligue arabe a été détournée par trois pays du Golf en plus de quelques pays de l'Occident.