Algérie

La Ligue arabe s'impatiente: L'Otan écarte une intervention militaire en Syrie



Pour la première fois de son histoire, la Ligue arabe a adopté, dans le cas de la crise politique syrienne, un ton ferme jamais enregistré jusque-là. Effet sans doute du Printemps arabe, et de la disparition violente du leader de la ‘'Révolution'' libyenne, pratiquement liquidé après un lynchage en règle à Syrte. Hier, alors que les négociateurs de la Ligue arabe attendaient à Doha la réponse du président syrien à leurs propositions de règlement négocié de la crise qui frappe le pays depuis mars dernier, le Conseil de la Ligue annonçait en même temps la convocation en urgence d'une réunion extraordinaire au niveau ministériel mercredi, pour examiner les développements de la situation dans le pays. Cette réunion a été convoquée par le secrétariat général de l'organisation, et au cours de laquelle la Commission ministérielle arabe sur la Syrie, présidée par le Qatar, doit y exposer un rapport sur les résultats de sa mission en Syrie, ainsi que sur la réunion de dimanche à Doha avec la direction syrienne.

Hier en milieu d'après-midi, tout le monde attendait à Doha les réponses de Bachar Al-Assad au plan de paix de la Ligue arabe. Dans son plan de paix soumis aux autorités syriennes, la Ligue réclame l'arrêt immédiat de la violence, le retrait des chars des rues et l'amorce au Caire d'un dialogue entre le régime et l'opposition, selon son secrétaire général, Nabil al-Arabi. Le plan arabe prévoit «le retrait des chars, l'arrêt immédiat de la violence pour adresser un message rassurant la rue syrienne», ajoute M. Arabi. Il a souligné que le document stipulait aussi «l'amorce au Caire d'un dialogue national entre toutes les composantes de l'opposition et le régime», alors que ce dernier était jusqu'ici réticent à l'idée d'un dialogue avec l'opposition à l'étranger.

 Cette idée d'un dialogue national avait été présentée mercredi lors d'une rencontre à Damas entre M. Assad et le comité ministériel arabe, conduit par le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al-Mouallem, qui a participé dimanche à la réunion du comité arabe, devait communiquer hier la réponse de son pays à l'offre arabe. Par ailleurs, le Premier ministre du Qatar a souligné que le comité ministériel sur la Syrie se réunirait mercredi au Caire, siège de la Ligue arabe, «qu'il y ait accord ou pas» avec la Syrie. La réunion de dimanche s'est tenue dans un climat tendu, la Ligue arabe ayant exprimé dans un message à M. Assad son «rejet des meurtres de civils». Le pouvoir à Damas avait répliqué en se déclarant «étonné que le comité arabe ait basé sa position sur les mensonges diffusés par les chaînes de télévision qui incitent» à la violence. Par ailleurs, sept civils ont été tués dimanche lors de manifestations dans plusieurs villes du pays. Plus de 3.000 personnes sont mortes, depuis le déclenchement des manifestations anti-régime en mars dernier. Mais, depuis début octobre, des mouvements de désertion sont

enregistrés au sein de l'armée, et des combats sont signalés dans certaines villes du pays entre forces de sécurité et militaires déserteurs, qui ont pris le parti des manifestants. Et les défections se sont multipliées dans les rangs de l'armée, de nombreux déserteurs rejoignant l'»Armée syrienne libre», une force d'opposition armée dont la création a été annoncée en juillet.

Par ailleurs, le chef de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a écarté lundi toute éventualité d'une intervention des forces de l'Alliance atlantique en Syrie, comme cela a été le cas pour la Libye. «Il est totalement exclu. Nous n'avons aucunement l'intention d'intervenir en Syrie», a déclaré M. Rasmussen dans l'avion qui l'amenait en Libye, au dernier jour des opérations militaires dans ce pays, qui ont conduit à la chute de Mouammar Kadhafi. «Tout d'abord, nous avons pris la responsabilité de l'opération en Libye parce qu'il y avait un mandat clair des Nations unies, car nous avons eu un soutien fort et actif des pays de la région», a-t-il poursuivi estimant qu'»aucune de ces conditions n'est remplie en Syrie». «Nous devons prendre des décisions au cas par cas. Dans une perspective globale, vous ne pouvez pas comparer la Libye et la Syrie», a-t-il ajouté. «Nous n'avons aucunement l'intention d'intervenir en Syrie», a-t-il répété.

A Damas enfin, la Commission syrienne chargée d'élaborer un projet de nouvelle Constitution a tenu hier sa première réunion. Mi-octobre, Bachar Al-Assad avait émis un décret portant la formation d'une commission nationale chargée de rédiger un projet de nouvelle Constitution pour calmer les revendications de la rue, alors que les associations et ONG des droits de l'homme réclament son départ et la fin du régime.




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