LA LIGNE ROUGE

La dernière sortie verbale du chef de la diplomatie européenne, qui est en vérité une menace claire à l'adresse de la Chine, interpelle à plus d'un titre. Il a affirmé, lundi à Bruxelles, que Pékin franchirait la ligne rouge si elle fournissait des armes à la Russie. Le gouvernement chinois nie avec véhémence toute intention d'aide à la Russie de quelque nature qu'elle soit, mais ce nouveau débat conflictuel éclaire sur la réalité d'un bras de fer dont les tenants ne se limitent pas à l'énoncé de primaires des préoccupations occidentales selon lesquelles elles prenaient position pour l'Ukraine parce qu'elle a été agressée.Il est devenu certain que les soucis occidentaux sont autrement plus larges que la sympathie et la solidarité manifestée pour les Ukrainiens qui apparaissent comme le porte-drapeau de l'Occident. Il y a évidemment une maldonne dans la présentation des griefs et une claire contradiction dans les préambules. Kiev est alimentée en armes et en argent et il est possible qu'elle soit en passe de recevoir des avions de dernière génération. Le président américain Joe Biden, en atterrissant hier à Kiev, a réitéré sa totale disposition à renforcer encore davantage l'armement de l'Ukraine et le président français Emmanuel Macron, pour sa part, est allé à recommander à partir de Vienne d'étendre la guerre jusqu'en Russie Face à la montée des périls, il est superflu de s'attarder sur la légitimité de la position de deux mondes décidés à en découdre. L'ogresse guerre froide n'a jamais cessé d'aiguiser ses cornes et il est regrettable que les blocs idéologiques replongent dans les affres des siècles passés qui ont alimenté les holocaustes. L'humanité a d'autres chats à fouetter et les puissants se trompent d'ennemis. Depuis que le monde est monde, l'histoire a prouvé que les recettes guerrières ont toujours approfondi le malheur des hommes. La pénible contradiction dans la menace de représailles adressée par le chef de la diplomatie européenne à la Chine, si elle fournit des armes à la Russie, est accompagnée par une alimentation poussée en armement pour l'Ukraine. Il n'ignore pourtant pas que la ligne rouge qu'il a brandie est d'abord valable pour le monde entier.