Algérie

La Libye, une armurerie à ciel ouvert



 A 120 km au sud de Syrte, en plein désert, un stock de plusieurs milliers de tonnes de munitions appartenant à  l'ex-armée du colonel El Gueddafi demeure, à  ce jour, sans aucune surveillance. Et on s'y sert comme on pourrait le faire dans un supermarché. Sauf que là, tout est gratuit !
L'arsenal compte, selon des témoignages de journalistes occidentaux présents sur place, quelque 8 bunkers de béton conçus pour le stockage d'armes et de munitions. Dans un seul de ces bunkers, ajoute-t-on, il y a  environ 8000 obus de 100 mm. Dans d'autres, des centaines de bombes de 250, 500 et 900 kg sont empilées sur plusieurs mètres de haut. On y trouve également des roquettes, des bombes à  fragmentation, des obus d'artillerie et de mortier de tout calibre et des munitions de canon antiaérien. Et la liste est encore longue.
Outre les pays de la région, le constat inquiète au plus haut point les organisations internationales de défense des droits de l'homme. C'est le cas particulièrement de Human Rights Watch (HRW) qui révèle, dans un communiqué rendu public hier, que «de nombreux bunkers ont déjà été largement pillés» sur le site que ses experts ont inspecté et dont l'accès est totalement libre.
Un supermarché de l'armement !
Un inspecteur de l'ONG a estimé la quantité de munitions stockées de l'ordre de «dizaines de milliers de tonnes». Dans un autre site des faubourgs de Syrte, les inspecteurs de HRW ont découvert «au moins 14 caisses vides» ayant contenu «28 missiles SA-24, l'un des missiles sol-air russes les plus sophistiqués» capable d'abattre un avion civil en vol. L'organisation, qui a déjà publié des rapports accablants sur la situation des droits de l'homme en Libye, constate «l'échec» patent du nouveau pouvoir libyen à  «sécuriser les stocks d'armes», alors que cela fait des mois qu'elle avertit le CNT et l'OTAN du danger.
Pays engagé aux côtés de la France, des Etats-Unis, de l'Italie et du Qatar dans l'opération ayant consisté à  renverser le régime d'El Gueddafi, le Royaume-Uni semble également saisir l'ampleur de la menace qu'une telle situation peut faire peser sur l'Europe dont les côtes se situent à  un jet de pierre de la Libye.  
Le général-major Robin Searby – qui a coprésidé, lundi et mardi à  Alger, avec Kamel Rezzag-Bara, conseiller auprès du président de la République, la troisième réunion du groupe de contact bilatéral algéro-britannique de coopération sur la lutte contre le terrorisme et les questions de sécurité connexes – a exprimé l'inquiétude de Londres qui partage, a-t-il dit, les «préoccupations» de l'Algérie quant à  la prolifération d'armement en tous genres et la circulation d'éléments armés incontrôlés pouvant mettre en danger la paix et la sécurité dans la sous-région.
La veille, le chef de l'Etat malien, également en visite à  Alger, a avoué que la situation de la région le «préoccupe de plus en plus». «C'était déjà une région faible avec des menaces multiples et beaucoup de difficultés, mais aujourd'hui, il y a une nouvelle donne. On parle beaucoup plus de la présence de groupes organisés et lourdement armés à  la suite des  derniers événements survenus en Libye», a-t-il fait observer. Bref, la situation sécuritaire dans la région est aujourd'hui telle que tout le monde se prépare au pire.


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