Algérie

La Libye risque d'entrer dans une guerre civile


Ce que l'Algérie redoutait, en plus du risque de la dégradation de la situation sécuritaire dans la région du Sahel et de l'instabilité chronique en Libye, c'est la partition du pays. Conséquences du non-Etat sous l'ère Kadhafi et de l'encouragement du tribalisme et du régionalisme exacerbés, la Cyrénaïque vient de proclamer son autonomie sous forme d'Etat fédéral, mettant ainsi la Tripolitaine et le CNT devant le fait accompli. Mardi dernier, des chefs de tribu et de milice de Barca ont déclaré l'autonomie de cette région pétrolière, lors d'une cérémonie organisée dans la ville de Benghazi. «La région fait le choix du système fédéral», ont affirmé ces dirigeants dans un communiqué conjoint. Ils ont également annoncé la constitution d'un Conseil pour gérer les affaires de cette région d'où était partie la révolte contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi. Ils ont élu, à sa tête, Ahmed Zoubaïr, cousin de l'ancien roi Idriss al-Senoussi renversé par le colonel Kadhafi en 1969. «Le Conseil intérimaire de Cyrénaïque a été établi sous la direction de Cheikh Ahmed Zoubaïr al-Senoussi pour gérer les affaires de la région et défendre les droits de ses habitants», précise le communiqué. Le Conseil reconnaît toutefois le Conseil national de transition (CNT, au pouvoir) qu'il qualifie de «symbole de l'unité du pays et représentant légitime (de la Libye) aux sommets internationaux». Ahmed Zoubaïr est lui-même membre du CNT. Cette évolution de situation constitue le risque majeur d'une guerre civile en Libye. Elle est aussi la conséquence directe de l'incapacité du CNT à jouer le rôle de catalyseur et de fédérateur. L'autorité du CNT a commencé à s'effriter lorsqu'il a fait preuve de mollesse face aux milices qui refusaient de déposer les armes ou d'intégrer les forces régulières. La situation sécuritaire en Libye ne s'est pratiquement pas stabilisée depuis la fin officielle du régime de Kadhafi. Des affrontements armés ont souvent lieu entre milices et entre tribus rivales. En février dernier, de violents combats avaient opposé la tribu des Zwai à celle des Tobu, faisant plus de 100 morts et des milliers de déplacés, selon un bilan fourni par les Nations unies après une mission d'évaluation sur le terrain. Des unités de l'armée avaient dû être envoyées à Koufra (40 000 habitants) pour sécuriser la ville et obtenir la mise en place d'une trêve. Il y a une semaine, deux personnes ont été tuées dans des combats près du poste frontalier de Ras Jedir entre la Tunisie et la Libye. Ces combats avaient opposé des policiers libyens à des hommes armés, pour la prise de contrôle de ce passage stratégique. Face à l'incapacité du CNT d'imposer une puissance publique qui, seule, peut être armée pour sécuriser le pays, aucun processus politique ne peut aboutir. D'ailleurs, le membre du CNT en charge des droits de l'Homme, Mohamed Brahim al-Allagui, a reconnu, la semaine dernière, lors d'une visite à Tunis, «la difficulté» d'organiser des élections en Libye dans «les conditions sécuritaires actuelles et le climat d'instabilité qui prévaut dans le pays». Il s'est interrogé sur la manière de «garantir la crédibilité» des résultats des élections alors que les armes circulent toujours dans le pays.A. G.
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