Algérie

La Libye fragilisée par ses milicesInternational : les autres articles



La Libye fragilisée par ses milicesInternational : les autres articles
L'enlèvement, hier, du Premier ministre libyen, Ali Zeidan, par une milice censée dépendre des autorités de Tripoli a mis l'accent sur la prise de pouvoir des groupes armés que le gouvernement n'arrive pas à contrôler.«J'espère que ce problème sera réglé avec raison et sagesse», en évitant «l'escalade», a déclaré hier Ali Zeidan, en évoquant le rapt dont il a fait l'objet le matin même. Hier matin, un groupe d'hommes armés avait enlevé le chef du gouvernement libyen à l'hôtel Corinthia, où il réside depuis plusieurs mois, justement, pour des raisons de sécurité. Peu de temps après, la Cellule des opérations des révolutionnaires de Libye, dépendant officieusement des ministères de l'Intérieur et de la Défense, avait revendiqué cet enlèvement, affirmant avoir «arrêté» le Premier ministre «sur ordre du parquet général».
Ses ravisseurs disent avoir agi pour dénoncer la participation de Tripoli à l'opération des Navy Seals américains qui ont appréhendé Abou Anas Al Liby, un responsable d'Al Qaîda recherché pour des attentats contre les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie en 1998. Cet enlèvement met en évidence l'impuissance de l'Etat face à de multiples groupes armés, pourtant censés opérer sous les ordres des autorités libyennes. Ces milices, aguerries par leurs combats contre les forces de Mouammar El Gueddafi, sont montées en puissance, profitant du vide sécuritaire après la chute du régime. Après l'effondrement de l'ancien régime, qui a entraîné dans sa chute toutes les institutions, les autorités de transition ont confié aux ex-rebelles le contrôle des frontières, des prisons et des installations stratégiques du pays, donnant à ces milices une légitimité et un sentiment d'impunité.
Aveu
Encouragées par l'incapacité des autorités à reconstruire une armée et une police professionnelles, ces milices imposent leurs volontés par les armes. Elles ont, par exemple, assiégé trois ministères en avril dernier pour faire adopter une loi excluant du pouvoir les anciens collaborateurs du régime d'El Gueddafi. «Les événements d'aujourd'hui soulignent une fois de plus à quel point la situation sécuritaire est difficile dans le pays et témoignent de la fragilité d'une stabilité dont parlent beaucoup de nos partenaires», a déclaré le porte-parole de la diplomatie russe, Alexender Lokachevitch, cité par les médias russes.
Les autorités sont en fait tiraillées par des choix difficiles : recourir à la force au risque d'envenimer une situation instable, ou négocier, ce qui pourrait donner des signes de faiblesse de l'Etat. Après avoir tenu des propos fermes envers ces groupes incontrôlables, le Premier ministre, Ali Zeidan, a été contraint récemment de tempérer son discours après avoir été rappelé à l'ordre par ces groupes, en affirmant qu' «il n'y a pas de milices en Libye». En réalité, c'est un aveu d'impuissance de l'avis de l'ex-ministre de l'Intérieur démissionnaire, Achour Chawayel, qui a déclaré récemment à une télévision locale qu'«aucune force ne voulait s'engager pour combattre» les milices.
Selon plusieurs observateurs libyens, ces milices s'attaquent au pouvoir à chaque fois qu'elles estiment que leurs intérêts sont menacés par les nouvelles autorités. Pour l'analyste Khaled Al Fadhli, l'enlèvement de Zeidan, cinq jours après la capture à Tripoli d'un chef présumé d'Al Qaîda par un commando américain, «illustre le risque d'un possible glissement du pays dans un tunnel obscur». Selon lui, «il se pourrait que le pays soit entraîné dans la spirale de la guerre civile et des actes de vengeance terroristes perpétrés par Al Qaîda».


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