Algérie

La Libye fait peur aux Méditerranéens


Une vue de la réunion
Tout le monde admet que la crise en Méditerranée est née d'une folie européenne qui consistait à détruire un pays-pivot en Afrique du Nord.
La 14e Conférence ministérielle du «Dialogue 5+5» a fait le plein, hier, à Alger. Même le Maroc, qu'on disait hésitant, a pris part à la rencontre en dépêchant son ministre des Affaires étrangères. L'accolade que se sont offerte les deux ministres, algérien et marocain, en sus de quelque pas faits la main dans la main, ont «enflammé» les réseaux sociaux et montré, combien l'attente d'une véritable réconciliation est attendue. Mais le propos n'est franchement pas dans le réchauffement des relations algéro-marocaines, mais la situation, explosive en Libye et celle dramatique sur la Méditerranée, qui ont occupé l'ensemble des participants à la rencontre d'Alger. Ainsi et au-delà des intérêts des uns et des autres, la Méditerranée occidentale constituant un véritable trait d'union entre deux civilisations est présentement le cimetière pour des dizaines de milliers d'Africains.
Cet état de fait, tout le monde le reconnaît, est né d'une folie européenne qui consistait à détruire un pays-pivot en Afrique du Nord. Les conséquences tout le monde les connaît. Terrorisme, trafics en esclavagisme et émigration clandestine. Autant de fléaux qui ont déjà mis à genou plusieurs pays du Sahel et dont l'épicentre est la Libye. Le constat fait, les ministres des Affaires étrangères ont affiché leur préférence «en faveur d'une solution politique à la crise en Libye loin de toute ingérence étrangère, basée sur le dialogue inclusif et la réconciliation nationale dans le cadre de l'accord politique du 17 décembre 2015, seul cadre viable de règlement de ce conflit sous l'égide des Nations unies».
La déclaration d'Alger sanctionnant les travaux de la conférence, souligne que les participants ont réitéré «leur rejet de toute solution militaire en Libye et leur attachement à l'unité et à l'intégrité territoriale de la Libye, à sa souveraineté et à sa cohésion nationales ainsi qu'à la fondation et le renforcement d'institutions unies dont une armée nationale unifiée sous l'autorité civile». Cette position défendue par l'Algérie éloigne le spectre d'une généralisation du conflit dans ce pays et conforte l'espoir d'une sortie de crise négociée entre les Libyens eux-mêmes. Les 10 ministres ont apporté leur «plein soutien au Conseil présidentiel et au gouvernement d'entente nationale pour leurs efforts en faveur du rétablissement de la paix et de la sécurité en Libye et de la lutte contre le terrorisme ainsi qu'en faveur de la réconciliation nationale». Une posture qui, loin de constituer une ingérence dans les affaires de la Libye, redonne aux décisions de l'ONU toute la légalité qu'elles sont censées avoir sur le dossier libyen. Le représentant spécial de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, s'en est trouvé conforté dans «la mise en oeuvre de son plan d'action du 20 septembre 2017», adopté par le Conseil de sécurité. Il reste qu'en définitif, la solution demeure intimement liée à une réconciliation inter-libyenne, d'où l'appel aux différentes factions en conflit à «s'abstenir de toute action de nature à entraver le processus en cours et à poursuivre leur engagement pour un règlement rapide à la crise».
Ce genre d'action est bien entendu bien plus dur à réaliser qu'à dire, mais un vrai succès à mettre à l'actif de cette 14e Conférence, tient dans le rejet net et total de toute action militaire étrangère en Libye.
Mais cela ne suffit pas à rétablir la paix, d'autant que celle-ci s'éloigne à mesure que la situation économique et humanitaire se détériore en Libye. Le «Dialogue des 5+5» exprime sa préoccupation et appelle la communauté internationale à soutenir les efforts du gouvernement pour faire face aux besoins socio-économiques de la population libyenne. Mais aucune décision concrète n'a été prise sur le sujet.
Cela pour dire que les pays du «Dialogue 5+5» semblent sensibilisés, mais ne se sentent pas directement concernés par la grave crise humanitaire que risquent de vivre les Libyens. Ce qui inquiète au plus haut point, ce sont «les risques d'extension de la menace terroriste, du crime organisé transnational et de l'immigration clandestine».
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