Algérie

La Libye et les pyromanes



La Libye et les pyromanes
Au moment où les Etats voisins de la Libye annonçaient une «initiative» destinée à y éteindre un feu allumé par l'intervention occidentale dans ce pays, les Américains confirmaient que l'Egypte et les Emirats sont bien les auteurs des raids qui ont visé les milices de Fajr Libya à Tripoli. On se retrouve devant cette incroyable ironie de situation où ce sont les Occidentaux, Etats-Unis, France et Grande-Bretagne, qui condamnent les « interférences extérieures» qui « exacerbent les divisions».Les pyromanes de l'intervention «humanitaire» qui crient au feu, cela ne manque pas de culot. Mais cela n'enlève rien au fait que l'Egypte, cosignataire d'un communiqué des pays voisins de la Libye préconisant une initiative fondée sur «le principe de non-ingérence» et du respect de sa souveraineté et son indépendance politique, se trouve en porte-à-faux. Les Américains qui disent ne pas avoir été informés par les deux «alliés» ont décidé de les mettre en cause publiquement et de leur adresser une sommation à cesser de jouer leur propre partie. Le régime égyptien est en guerre contre les Frères musulmans et il a tendance à exporter sa guerre en Libye. Le Qatar est également de la partie dans ce feu libyen qui ne cesse de croître.Les Américains n'apprécient pas et ne veulent pas que la guerre par «procuration» menée en Libye par les monarchies du Golfe et l'Egypte s'aggrave. Il est évident que cette confirmation de la participation égyptienne au raid contre une des parties prenantes de la crise libyenne n'est pas de nature à renforcer la crédibilité de l'initiative des Etats voisins de la Libye. C'est d'autant plus regrettable que l'initiative comporte des idées et des propositions qui peuvent servir de base de départ à un dialogue national sérieux en Libye. Encore faut-il que celui qui propose un plan de paix ne soit pas engagé avec une des parties en guerre contre l'autre.La précédente réunion des Etats voisins de la Libye à Hammamet, en Tunisie, avait confié le dossier «politique» à l'Egypte. C'était un choix surprenant. Le pouvoir de Sissi, en guerre contre les islamistes en Egypte, s'est mis dans une posture de guerre «internationale» contre les Frères musulmans qui font sérieusement peur aux monarchies arabes. Il est ouvertement hostile aux islamistes libyens qui font - et feront - partie nécessairement de la vie politique libyenne. Avec ces révélations officialisées par les Etats-Unis, l'Egypte est encore moins en position de contribuer au dialogue libyen. Elle est même devenue un handicap pour l'initiative des Etats voisins qui sont, en théorie, les plus à même d'aider les Libyens à amorcer une sortie du feu.L'Algérie peut jouer ce rôle de facilitateur du dialogue, l'évolution des choses n'ayant pas démenti la véracité de ses mises en garde sur les risques de l'intervention étrangère. Il est important, a dit Ramtane Lamamra, «d'éteindre ce feu qui ne brûle pas seulement dans les réservoirs d'hydrocarbures mais qui pourrait s'étendre aux c?urs et esprits des gens dans les différentes régions de la Libye». L'Egypte étant perçue, par une partie du conflit en Libye, comme un Etat hostile, l'Algérie devra avec la Tunisie porter plus sérieusement cette possibilité d'éteindre réellement le feu qui s'étend en Libye.




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