La Libye doit choisir vite

Tous les participants au dialogue sous toutes ses formes sont en effet conscients de l'exigence de la formation rapide d'un gouvernement d'union nationale inclusif, capable d'engager les fondations d'un Etat moderne.Les discussions inter-libyennes de Berlin ont consacré l'adhésion de l'ensemble des pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ainsi que ceux présents à cette rencontre au titre du voisinage (Italie) ou de l'Union européenne à la vision sans cesse prônée par l'Algérie, celle de la solution politique axée sur un consensus le plus large possible. C'est ce principe cardinal qui a été d'ailleurs réitéré par le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel.Interrogé sur son évaluation des conclusions de la réunion tenue mercredi à Berlin sur la Libye, il a estimé qu'il n'y avait «aucune autre alternative» que celle de la concrétisation «rapide» de la solution politique dans ce pays, tout en se félicitant de l'évolution de la perception de réalité libyenne et du fait que cette conviction soit aujourd'hui partagée par l'ensemble de la communauté internationale. Il s'est de même réjoui que «la volonté de la communauté internationale de privilégier le dialogue comme seul moyen devant permettre d'aboutir à la solution politique souhaitée, rencontre celle du peuple libyen qui a démontré son attachement à un règlement politique de la crise et qui s'y est pleinement engagé en participant, à travers ses représentants, dans les différents processus politiques en cours sous l'égide des Nations unies».Sans doute, la multiplicité des initiatives chapeautées par l'ONU a-t-elle induit des questionnements et des attendus à certains niveaux au point que certains pays se sont crus autorisés à douter du bien-fondé de la médiation algérienne mais le dogme intangible de l' Algérie et de sa diplomatie impose d'oeuvrer sereinement à la restauration de la paix et de la sécurité, en agissant ou en accompagnant toutes les initiatives quelles qu'elles soient, pourvu qu'elles visent aux mêmes objectifs.Ainsi, les multiples approches de Bernardino Léon ont été perçues comme autant d'efforts méritoires allant dans le sens du dialogue inclusif recherché par Alger avec la participation de toutes les factions libyennes, excepté les groupes terroristes et le «sens de cette dynamique positive interne, qui concourt, parallèlement aux efforts consentis par les pays du voisinage et l'ensemble de la communauté internationale, à l'aboutissement du processus de sortie de crise, loin de toute ingérence étrangère» influe de manière positive sur les parties libyennes convaincues, plus que jamais, de l'impérative urgence de transcender toutes leurs divergences.C'est ce qui a été consacré lors du dernier round à Alger, la semaine dernière, l'ensemble des factions ayant pris acte de l'enjeu, pour sceller une réconciliation durable et fructueuse, de privilégier la recherche de l'entente préalable au prix de «sacrifices et concessions». Tous les participants au dialogue sous toutes ses formes sont en effet conscients de l'exigence de la formation rapide d'un gouvernement d'union nationale inclusif, capable d'engager les fondations d'un Etat moderne et d'agir sans délais face aux multiples défis, qu'ils soient sécuritaires, compte tenu de l'ampleur de la menace terroriste et du crime organisé, ou politiques, économiques et humanitaires, si l'on considère l'état désastreux de la situation globale du pays.A ce titre, il est même souhaitable, et c'est ce que préconise l'Algérie à travers l'intervention du ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qu'un accord soit convenu «même sur des dénominateurs communs très minimes» tant il est devenu crucial de donner une chance aussi minime soit-elle à la paix et de mettre fin par-là même aux souffrances du peuple libyen. Il n'existe pas d'autre issue que celle-là pour répondre à tant d'espoirs et d'attente maintes fois déçus que de permettre à un gouvernement de consensus d'agir au plus vite pour intervenir sur tous les chantiers internes et internationaux.Trouver une solution au conflit inter-libyen est une tâche bien plus complexe et hasardeuse que résoudre le dossier malien, eu égard au caractère tribal de la société libyenne, et l' Algérie a dû tenir compte de cette réalité tout en s'efforçant de trouver la bonne formule qui permette de contenter tout le monde et son père.