Algérie

La Libye, clé de la désescalade '



Par Brahim Taouchichet
Mais déjà, le silence des armes constitue en lui-même une victoire pour tous ceux qui appellent au dialogue et au règlement pacifique des conflits. Autant, en 2020, les ingérences étrangères multiples avaient atteint leur point culminant, autant les puissances extra-africaines qui se ruaient sur la dépouille de la Libye, meurtrie, déchirée par la guerre civile, frappent par leur mutisme.
En effet, le compromis difficilement conclu entre les frères ennemis susceptible d'augurer une sortie de crise qui dure depuis 10 ans à la suite de l'effondrement du régime de Kadhafi, n'a pas suscité de réaction à la mesure de l'événement, car c'en est un. La Libye aura échappé au pire, c'est-à-dire un éclatement en trois provinces et une situation délétère et dangereuse pour l'ensemble de la région du Maghreb.
Le fait notable aussi est le retrait des deux chefs protagonistes, en l'occurrence Fayez El Sarraj, Premier ministre du Gouvernement d'union nationale, reconnu par l'Onu, et le maréchal autoproclamé, Khalifa Haftar qui vient de donner sa bénédiction à l'accord de Genève. Le retrait de ces deux fortes têtes du jeu politique libyen signifie, dans le même temps, la mise à l'écart de leurs soutiens respectifs, du moins en apparence.
Si une année semble un délai trop court pour la mise en pratique sur le terrain des décisions de Genève, il reste néanmoins que la dynamique engendrée incite à l'optimisme, quoique relative, tant les richesses de ce pays ne finiront pas d'attiser les convoitises. Mais déjà, le silence des armes constitue en lui-même une victoire pour tous ceux qui appellent au dialogue et au règlement pacifique des conflits.
L'Algérie, qui n'a de cesse d'appeler les frères libyens à s'asseoir à une table et négocier une sortie de crise, est de ceux-là. Et d'ailleurs, Alger ne peut que s'en réjouir compte tenu des risques sécuritaires de toutes natures à notre frontière sud-est, avec leur lot de débordements armés (Tiguentourine) et le trafic d'armes. La paix aux frontières, c'est aussi la possibilité pour tous les pays de la région de s'investir dans une perspective de développement et d'amélioration des conditions de vie des populations riveraines qui vivent une misère profitable aux groupes terroristes sans foi ni loi.
Ne pas desserrer l'étau sur la nébuleuse terroriste figure ainsi à l'ordre du jour de tous les rendez-vous des plus hautes autorités des pays de la région. La paix au Sahel est vitale sans laquelle rien ne peut être entrepris. Les autorités algériennes gardent toujours le cap et multiplient les rencontres en particulier avec les responsables civils et militaires des pays du Sahel, sachant qu'ils constituent sa profondeur stratégique. Ce qu'explique d'ailleurs la formidable mobilisation des moyens aux frontières. C'est dans cette démarche que s'inscrivent les réunions et consultations avec les pairs africains, démarche de paix défendue dans les sommets des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA).
Mais pour parvenir à ces objectifs, d'intenses efforts diplomatiques et ceux relevant des structures sécuritaires sont déployés. Pour ce faire, Sabri Boukadoum, le ministre algérien des Affaires étrangères, a multiplié les escales dans les capitales africaines.
Le ministre a souligné, jeudi dernier, que la réunion du Comité de suivi de l'Accord de paix et de réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger, abritée pour la première fois par la ville de Kidal (nord du Mali), constitue un évènement inédit qui «donnera une forte impulsion» à ce processus, parrainé par l'Algérie.
Il écrit sur son compte Twitter : «J'ai présidé, aujourd'hui (jeudi), les travaux de la 42e session du Comité de suivi de l'Accord de paix et de réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger, lesquels ont été abrités pour la première fois par la ville de Kidal dans le nord du Mali.»
A noter que le diplomate algérien, qui a eu des entretiens avec son homologue malien, Moulaye Zeyni, a été reçu par le Président malien, Bah N'Daw. Le chef de la diplomatie algérienne a également eu des entretiens avec le vice-président du Mali, le colonel Assimi Goïta, et le ministre de la Réconciliation nationale, le colonel Ismael Wague, avec lesquels il a abordé les relations bilatérales et les voies de promotion du processus de paix et de réconciliation que l'Algérie accompagne et soutient. A propos de réconciliation, il semble que ce soit d'actualité au Burkina Faso en butte aux attaques terroristes meurtrières. L'implication de la France à travers des opérations militaires contre les « djihadistes » n'a pas produit les effets escomptés et n'a fait a contrario que compliquer une réalité de plus en plus décriée par l'opinion publique africaine qui subit régulièrement les dommages collatéraux d'une guerre transfrontière.
C'est pourquoi la réunion de Kidal (Mali) a valeur de référence quant aux chances de paix. La décrispation observée chez les belligérants libyens doit être encouragée dans la perspective de l'établissement d'une paix globale et générale, une façon de couper l'herbe sous le pied des ingérences étrangères.
Une page est alors tournée. Autre acteurs de poids, les Etats-Unis qui, jusque-là sont restés discrets dans la lutte pour s'accaparer une zone d'influence dans le Sahel, ne manqueront pas de se manifester, car Washington ne manque pas d'exprimer son courroux à l'endroit de la Russie, la Chine et la Turquie.
Les puissances de la Vieille Europe (France, Grande-Bretagne, Italie) ont prouvé qu'elles ne peuvent plus à elles seules influencer durablement le cours des événements.
Déjà en pratique, leur rôle de sous-traitants de la politique américaine dans cette région s'accommodera-t-il des intentions exprimées par le nouveau locataire de la Maison-Blanche qui plaide pour des relations empreintes de justice et de respect ' C'est-à-dire une présence américaine plus marquée dans le continent '
Dans ce cadre, la position de l'administration Joe Biden vis-à-vis du troc honteux par le royaume du Maroc sur le dos du peuple sahraoui aura valeur de test.
B. T.
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