Algérie

La Libye à la dérive


Les renforts de part et d'autre aggravent l'insécuritéA ces flots d'armes qui arrivent en Tripolitaine s'ajoutent les renforts volontairement salués, de part et d'autre, ce qui augure d'un long et néfaste conflit dont le peuple libyen n'a que faire et qui résulte, principalement, de la seule ambition d'un général à la retraite.
Pour faire face à l'armée nationale libyenne autoproclamée du général à la retraite Khalifa Haftar, le gouvernement d'union national de Fayez al Serraj, reconnu par l'ONU, vient d'annoncer la livraison de plusieurs dizaines de véhicules blindés aux troupes qui lui sont loyales. Celles-ci sont constituées par les milices de Misrata, celles de Zintan et de Zawiya qui combattent depuis plus d'un mois pour empêcher Haftar d'entrer à Tripoli. Ce dernier est soutenu par les Emirats arabes unis et par l'Egypte qui fournissent en abondance les armes, les munitions et l'argent pour l'aider dans ce qu'ils appellent la lutte contre le terrorisme. Mais le fait est qu'avec cette offensive inattendue sur la capitale, Haftar porte la lourde responsabilité d'un conflit qui est en train de muer en une véritable guerre par procuration de certaines puissances régionales, notamment la Turquie et le Qatar favorables au GNA, d'une part, et les royaumes saoudien et émirati partisans avec l'Egypte de Khalifa Haftar, d'autre part.
L'ANL a mis plus d'une année pour s'implanter dans le sud libyen, et prendre surtout le contrôle des champs pétroliers puis, le 4 avril dernier, elle s'est lancée à l'assaut de la capitale avec la certitude de balayer les milices présentes, en quelques jours. Grave erreur de jugement, l'offensive éclair s'est muée en enlisement et Haftar ne peut plus désormais compter sur une conquête rapide de la Tripolitaine. Non seulement ses forces militaires se heurtent à une résistance farouche des combattants du GNA mais également elles doivent compter sur une hostilité de plus en plus radicale de la population, excédée par les bombardements visant les hôpitaux et les écoles au point que Fayez al Serraj a demandé à la communauté internationale de juger Haftar comme un véritable criminel de guerre. Celui-ci a emboîté le pas à son rival en se rendant ces jours derniers à Rome avant de gagner Paris où le président français dit vouloir obtenir un cessez-le-feu et la reprise du processus politique onusien. Une façon habile de lui permettre de sauver la face tout en restant une partie prenante de la solution malgré le rejet catégorique et du GNA et des milices précitées. L'annonce, samedi dernier, de l'arrivée de cargaisons d'armes et de munitions au profit des forces du GNA a sans doute alarmé les pays qui sous-traitent l'offensive de Haftar et comptent en tirer à terme des dividendes plus ou moins conséquents. Elle constitue en une riposte assumée à celle, quelques jours plus tôt, concernant la réception par l'ANL de Haftar de nombreux blindés de fabrication jordanienne. A ces flots d'armes qui arrivent en Tripolitaine s'ajoutent les renforts volontairement salués de part et d'autre, ce qui augure d'un long et néfaste conflit dont le peuple libyen n'a que faire et qui résulte principalement de la seule ambition d'un général à la retraite résolu à s'inventer un destin national. L'avantage que lui ont assuré les blindés émiratis et égyptiens aura été de courte durée et le fait que la Turquie entre dans la danse va inexorablement changé la donne. En apportant son soutien aux milices de Misrata proches des Frères musulmans, Ankara provoque, elle aussi, une surenchère qui verra le soutien des Emirats, de l'Arabie et de l'Egypte croître de façon exponentielle, situation dont le peuple libyen sera seul à en faire les frais. Plus de destructions, plus de morts, plus de blessés et un pays sans cesse à la dérive. Tel est le premier bilan du général à la retraite qui joue au «maréchal, me voilà»!
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