«Toutes les
opinions sont respectables. Bon. C'est vous qui le dites. Moi, je dis le
contraire. C'est mon opinion : respectez-la donc ! » - Jacques Prévert.
Il est
communément admis, par l'imaginaire collectif, que la brimade de la parole est
le seul fait des systèmes politiques autocratiques. Oh que non, malheureusement
! La démocratie d'essence judéo-chrétienne vient de nous donner, si besoin
était, la preuve de son exclusivisme occidental en déniant, à un Farouk Hosni
toute prétention éducative et culturelle internationale. Donné favori, il ne
put venir à bout d'une néanmoins et inattendue candidate de l'Europe orientale
qui, il n'y pas si longtemps, était considérée comme l'ennemi juré de
l'Occident libre. Dieudonné, le premier, n'arrête pas de manger son pain noir
pour avoir transgressé les lignes rouges. L'Occident s'encombre les bronches
quand Israël éternue. En dépit des grandiloquents discours, la libre expression
est encore captive de geôles neuronales que les gardiens du temple considèrent,
comme l'acquis exclusif des luttes pour la démocratie du monde du Couchant.
S'il est indéniable que ces luttes ont
conduit une partie de l'humanité, à se libérer des carcans de l'autoritarisme
de gouvernants et autres vassalités féodales, le concept démocratique, dont
l'essence même est la liberté d'expression, a besoin d'un relookage à l'effet
de le rendre applicable à tous. En pratique, la réalité est souvent amère.
Mustapha Kessous, journaliste au quotidien «
Le Monde », en sait quelque chose. Le délit de faciès n'est-il pas lui-même une
tare antidémocratique répressive ? L'assassinat en live dans un tribunal
allemand de Marwa Cherbini, pour délit de différence, est édifiant à plus d'un
titre.
L'incident médiatique qui a opposé le
président Obama à sa Police n'est-il pas révélateur du sommeil de vieux démons
qu'une simple étincelle peut rallumer ? Quant à nous, incrédules comme nous
l'avons toujours été, nous croyons naïvement que cet Occident, anciennement
spoliateur territorial, s'est amendé.
Que nenni, il ne s'est jamais départi de ses
vieux projets de domination civilisationnelle et culturelle. Le monde
occidental ne nous demande pas de lui ressembler, il nous demande de faire ce qu'il
nous recommande. (Dixit Amine Malouf).
L'Occident s'émeut quand Téhéran vit des
turbulences d'ordre interne ; on rameute les conseils de guerre et on mobilise
ses analystes politiques sur tous les plateaux télévisuels (on dit pourtant que
la presse n'est pas aux ordres). Fout... que tout çà ! Imaginons un peu ce que
penserait Paris si l'Etat des Mollahs ou même Alger jetait de l'huile sur le
feu des émeutes des banlieux ? En ce qui concerne l'arme nucléaire, il est bien
curieux de constater l'oubli conscient du cas nord-coréen et la sempiternelle
litanie concernant l'Iran. Les amis sud-coréens et taïwanais sont présentement
si lointains, l'ouverture économique (et la puissance militaire) de l'Empire du
Milieu semble y être pour beaucoup.
Affaire d'intérêts ni plus ni moins,
Churchill, ce visionnaire, avait bien raison. Dans le cas de l'Iran, il est
clair que le petit David est l'objet de toutes les préoccupations... on doit
tout faire pour le protéger du sanguinaire Goliath iranien. Hier, c'était les Goliath,
égyptien, syrien ou libanais, ils ont été tous réduits au silence. La technique
est bien rodée, on victime pour mieux frapper. Israël ne peut être que le plus
grand Etat démocratique du Moyen-Orient, il est même de grands titres de la
presse arabe qui l'affirment.
La démocratie israélienne a atteint des cimes
inégalées dans le respect des droits de l'Homme, elle est arrivée à échanger
une cassette vidéo contre la libération de 19 prisonnières palestiniennes. Il
est évident que ces captives ne pèsent pas lourd devant un seul troufion du
Tsahal. Il faut être dupe ou carrément obnubilé pour croire en cette démocratie
sélective qui s'inquiète du sort d'une individualité quand des multitudes sont
massacrées aux bombes au phosphore et autres gadgets guerriers. Des scénarii
montés de toutes pièces ont diabolisé hier l'Irak, condamné bien avant
l'ouverture du procès qui, après coup, s'est avéré être une piètre mise en
scène. On invente pour la cause un néologisme aussi impertinent qu'indécent :
dommages collatéraux. Ils n'ont jamais été collatéraux les dommages sur les
populations civiles, celles-ci ont été délibérément ciblées par les hordes du
Monde dit « civilisé ». Et si les armes n'ont pas abouti à l'anéantissement des
impies, tout le monde sait que l'Eglise évangéliste américaine est partie
prenante dans le conflit ouvert avec le monde musulman, ce sera la profanation
de la spiritualité de l'adversaire qui sera instrumentalisée (copie du Livre
Saint dans les cuvettes de toilettes, caricatures danoises) ou l'humiliation
physique et morale à travers les exactions violeuses de l'intégrité humaine
(Abou Ghrib et Guantanamo). La machine de guerre médiatique prompte à
s'émouvoir de la mort de quelques parachutistes en terrain réputé pourtant
hostile, justifie à coups d'interviews « apeurées » les massacres à grande
échelle d'Afghans, Irakiens et Palestiniens.
L'Iran est actuellement dans l'oeil du
cyclone. N'étaient-ce pas les armes de destruction massive « détenues » par
l'Irak qui ont soulevé les premières bourrasques de la Tempête du désert ? Le
Gendarme du monde aurait-il conservé le même scénariste ? Si tel était le cas,
le public n'est plus le même ; bien des choses ont changé depuis mai 2003. Le
musellement des quelques voix qui condamnent est institutionnalisé par le droit
inique de veto des membres du Conseil de Sécurité. La condamnation du génocide
perpétré à Gaza aura à peine la même consonance que la condamnation des
nouvelles colonies juives. L'Oncle Sam, par la voix de son président, en
souhaite l'arrêt. Quelle fermeté dans le ton ! Quant à nous autres, nous
continuons à faire dans les ridicules euphémismes. On se fait violence en
s'échinant à croire qu'en faisant la différence entre Juifs et Etat d'Israël,
celui-ci ira sur le chemin de la rédemption, contraint par la communauté juive
internationale. A part quelques intellectuels progressistes et des
personnalités humanistes juives, le reste pro-israélien a bien soutenu les
massacres perpétrés dans la Bande. Pour s'en convaincre, il faut revenir aux
déclarations de la Primature israélienne, loin d'être velléitaires, elles
tiennent à affirmer la judaïté de Jérusalem. Cet Etat théocratique n'est pas
moins intégriste que ceux qui sont supposés l'être. En fait, dans quel genre
démocratique devons-nous nous inscrire : une démocratie où le genre humain est
le seul sujet de préoccupation ou une démocratie à résonance ethnico-religieuse
? Eu égard aux us jusque-là observés, la démocratie dite libérale ne peut être
cataloguée que dans la deuxième citée. Les atermoiements de l'Union européenne
relatifs à l'intégration de la Turquie et le coeur que met à l'ouvrage la
France, pour en éloigner l'échéance, dénote si besoin était que l'Etat le plus
judaïque d'Europe tient lieu de tête de pont de résistance à l'européanité
turque. S'il est établi que l'autruche est un oiseau du Sud, le siemesque ne
doit pas pousser au ridicule. Ne l'est-on pas assez sur d'autres registres ?
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Posté Le : 08/10/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Farouk Zahi
Source : www.lequotidien-oran.com