La librairie Art et Culture reçoit l'auteur de «Les anges meurent de nos blessures»

Celui qui se plaignait à ses amis de passer presque inaperçu dans sa propre ville a été finalement persuadé du contraire avant-hier. Une foule nombreuse a bravé le froid et la pluie pour aller voir Yasmina Khadra, hôte de la librairie Art et Culture se trouvant au quartier Cavaignac. La séance de vente-dédicace s'est prolongée pratiquement jusqu'à la fin de l'après-midi de jeudi. Des femmes et des hommes ont attendu longtemps pour pouvoir accéder à l'auteur de «Les anges meurent de nos blessures» et échanger quelques mots avec lui. Auparavant, l'écrivain algérien et directeur du Centre culturel d'Algérie à Paris s'est prêté à un jeu de question-réponse avec Ghellal Abdelkader, un enseignant universitaire et écrivain, considéré par ses pairs comme le meilleur connaisseur de l'?uvre de Yasmina Khadra. Sollicité pour assurer la présentation de celui qui devait assurer par la suite la séance de la vente-dédicace, M. Ghellal a volontairement choisi la formule consistant à interroger son interlocuteur sur des points précis pour se présenter, s'exprimer sur son ?uvre et donc sur son nouveau roman en circulation. Notons qu'un nouveau roman de Khadra, intitulé «Qu'attendent les singes», est attendu au mois d'avril prochain. A l'aise, de plus en plus depuis qu'il a annoncé sa décision de se lancer dans l'aventure des futures présidentielles, Yasmina Khadra a fait preuve d'une parfaite maîtrise de l'art de la formule. Devant son auditoire, il lancera : «L'excellence ne suffit pas quand on est Algérien, issu de l'armée de surcroît». Bien entendu, le propos se rapporte à sa propre trajectoire. Sur un ton sentencieux, il tranchera : «Il faut être exceptionnel». Amené par son ami et interlocuteur à s'exprimer sur ses sources d'inspiration, Y. Khadra dira : «Mon identité algérienne est ma première source d'inspiration». Développant l'idée, il estimera que «la contrefaçon littéraire est le plus grand danger pour un écrivain non occidental». Par contrefaçon, il entend la propension à vouloir reproduire le style et les formulations des auteurs européens. Y. Khadra exprimera une des questions qui semble le préoccuper de plus en plus. «Pourquoi nous nous employons à détruire ceux qui réussissent, ceux qui excellent dans leur domaine '». Pour le moment, il n'a pas trouvé de réponse à cette interrogation, en dépit de toute la littérature qu'il a consultée, avouera-t-il. Avant de passer à la dédicace de son livre, Yasmina Khadra a, avec la complicité de son interlocuteur, animé un débat où les interrogations existentielles le disputaient aux préoccupations littéraires, où l'anecdote efface rapidement l'ébauche d'une théorie, … où Yasmina Khadra a (enfin, pour certains) dévoilé une facette de sa personnalité très attachante, il faut le reconnaître. Mais ce qui a retenu l'attention de beaucoup de personnes, notamment des initiateurs de cette rencontre, c'est que durant toute l'après-midi, l'hôte de la libraire Art et Culture est resté Yasmina Khadra. A aucun moment, Mohamel Mouleshoul n'a surgi lors de cette rencontre. Autrement dit, le candidat aux prochaines élections présidentielles est resté tapi quelque part et ne s'est nullement substitué à l'auteur, le convié à cette rencontre. Ce qui fera dire à un présent : «Il a le sens de l'engagement, Yasmina Khadra». Même ses amis, impliqués dans sa campagne électorale, notamment la collecte des signatures, présents sur les lieux, ont fait preuve de discrétion. Signalons enfin que la librairie Art et Culture qui vient à peine d'ouvrir ses portes, et qui a déjà reçu notre confrère Kamel Daoud, doit recevoir Zohra Drif pour la présentation de son livre. Par ailleurs, elle organise prochainement une présentation du dernier livre de Djamel Guerid, le professeur de sociologie décédé au début de l'été dernier. Son livre vient juste de paraître en France. On y reviendra.