Algérie

«La liberté du scrutin est déjà compromise»


Aucun observateur étranger, même l'Union européenne, n'est en mesure d'imposer un scrutin libre en Algérie. Le professeur de droit, Madjid Benchikh, ne se fait aucune illusion à  ce sujet. «Il y a deux institutions qui sont au cœur de l'organisation des élections : l'administration et la justice. En Algérie, ces deux organismes puissants sont entre les mains du pouvoir», déclare-t-il, lors d'un séminaire sur le thème «La recherche de la vérité et la lutte contre l'impunité : au cœur des luttes pour la démocratie en Afrique du Nord et au Proche-Orient», organisé hier à  Alger par la coalition d'associations des victimes du conflit des années 1990. Selon lui, il existe aujourd'hui différents moyens de manipulation des résultats des élections qui rendent plus difficile toute opération de contrôle. «Les juges sont sous contrôle du ministère de la Justice, et c'est le plus grand problème. Quel que soit le degré d'intégrité d'un juge, il reste sous l'influence de sa tutelle qui va le désigner (…) Dans d'autres pays, les juges sont une garantie», explique-t-il. Soulignant l'ampleur «du travail de sape» mené par le pouvoir au sein des organisations et des partis qui «a détruit tout le tissu social dans le pays», Madjid Benchikh préconise un long processus d'ouverture du champ politique pour parvenir à  l'organisation d'une élection libre. «Aujourd'hui, la liberté du scrutin est déjà compromise», tranche-t-il. Intervenant par la même occasion, le défenseur des droits de l'homme, Kader Affak, estime que «la fraude a déjà commencé avec le 1,5 million d'électeurs supplémentaires».
Il est à  signaler que ce séminaire s'est tenu avec la participation des invités venus de Tunisie, de Maroc, d'Egypte et de Syrie. Plusieurs thématiques ont été abordées, dont notamment l'état des droits de l'homme en Algérie, les défis de la justice transitionnelle en Syrie et en Tunisie.
 

 
 
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