La LFP prône la «sagesse» au lieu de sévir

La multiplication, en cette fin de saison, d'accusations de corruption et d'arrangement de rencontres dans les championnats professionnels des Ligues 1 et 2, interpelle la Ligue de football (LFP), qui a réagi en publiant un communiqué, hier, sur sont site.Une réaction ahurissante de la part de l'instance, dirigée par Mahfoud Kerbadj, aux nombreuses accusations de corruption et de matchs arrangés présumés, comme c'était le cas le week-end dernier, riche en «sorties médiatiques», en citant entre autres Medouar lors du match ASO-USMH et Hamar pour les rencontres MCA-ESS et ESS-ASO.La LFP, face à ce remue-ménage, n'a pas trouvé mieux que d'appeler à la «sagesse», exhortant «les responsables, les staffs techniques et les joueurs des 32 équipes des Ligues 1 et 2 à plus de retenue et de contrôle dans leurs déclarations générées par des situations conflictuelles», lit-on dans son communiqué. Gravissime, indigne et même déplacé de la part de la Ligue, censée être la garante de l'éthique et de l'esprit du sport-roi, d'appeler à la «sagesse», alors que le bon sens exige d'elle d'agir face à ces graves accusations que se balancent les dirigeants de club.Plus grave encore, la LFP, au lieu de diligenter des enquêtes et de saisir la justice pour vérifier la véracité de ces graves accusations de corruption avant de sévir en conséquence, comme le stipule d'ailleurs la réglementation, semble avoir statué sur ces «affaires» en les qualifiant d'ores et déjà d'«accusations impulsives sur de soi-disant malversations ou arrangements».Ainsi, pour la ligue de Kerbadj, toutes «ces accusations» ne sont que pures invention et spéculation, niant de la sorte l'existence de toute corruption dans notre football, allant jusqu'à menacer toute voix qui s'exprimerait sur ce fléau : «Les instances du football ont la latitude de s'autosaisir d'un dossier d'accusations non prouvées pour poursuivre en justice les dirigeants auteurs de calomnies.»On en déduit que pour la LFP, actionner des procédures réglementaires contre les «accusateurs» prévaut sur la vérification de la véracité de l'acte de corruption rendu public qui devrait se faire en amont et de facto. A ce jour, la LFP n'a jamais reconnu de corruption dans le football algérien. Les rares «affaires» rendues publiques n'ont jamais abouti.Néanmoins, personne ne peut le nier, la corruption dans le football algérien existe, à une échelle qui défie l'entendement, même si cela ne s'est jamais traduit par des sanctions et des condamnations en raison du laxisme des garants de l'éthique et de l'omerta.