Algérie

La lèpre



«L'Occident ne mesure pas toujours la haine que lui vouent des peuples humiliés et offensés par sa prospérité, son passé impérial, son présent dominateur, son appui à des régimes féodaux corrompus.» Alain Peyrefitte
Il y a des cinéastes pour qui chaque film est une aventure unique, une exploration des méandres des problèmes de l'humanité et une audacieuse expérimentation de nouvelles techniques: pour exemple, il y a Kubrick et Spielberg. Il y a des écrivains qui se donnent pour mission d'ouvrir les yeux (et les âmes) de leurs contemporains en sondant les conflits d'hier qui sont la genèse des problèmes d'aujourd'hui. Je veux citer par là l'écrivain d'origine libanaise, Amin Malouf (Léon l'Africain, Samarcande, Les Croisades vues par les Arabes...). On y lit en pointillé les débuts de la décadence de l'empire arabo-islamique. Ce qui se passe actuellement dans le Monde dit «arabe» en général et au Moyen-Orient en particulier, ne peut qu'interpeller les consciences sur la déliquescence des relations politiques entre les protagonistes locaux et sur le plan machiavélique mis en route par les puissances impérialistes pour miner le terrain d'une manière définitive et cultiver les graines de la zizanie semées depuis toujours par les pays judéo-chrétiens (C'est la nouvelle appellation que revendiquent les Européens). Il en ressort une situation inextricable où les rancunes se font de plus en plus tenaces et tout espoir de réconciliation à jamais effacé. Mais ce qui chagrine le plus est le fait que les armes ne sont plus tournées contre l'intrus, mais contre le voisin d'en face ou le frère d'à côté. Cette situation paradoxale met en évidence la myopie des dirigeants arabes qui continuent à se comporter d'une manière primitive, sans penser à l'avenir, à l'après-pétrole, qui fera de cette région une autre Somalie, au grand bonheur des puissances impérialistes qui auront fait leurs emplettes sans grandes pertes. Il faut se référer à la conquête de l'Amérique du Nord pour trouver une situation analogue à celle où se trouvent plongés actuellement les peuples du Moyen-Orient: Palestiniens, Kurdes et Arabes, sunnites et chiites. Durant la guerre qui a opposé en Europe, France et Angleterre et qui s'est étendue au Canada, alors possession française, les belligérants avaient enrôlé des tribus indiennes qui se sont fait une guerre sans merci, provoquant ainsi l'extinction prématurée de certaines d'entre elles au grand bonheur des colons européens qui n'avaient plus qu'à occuper d'immenses territoires libérés de leurs propriétaires légitimes. Il en est de même au Moyen-Orient, où des factions rivales se livrent depuis des années à une guerre sans merci au lieu de joindre leurs efforts, de trouver un terrain d'entente pour combattre l'ennemi commun, l'intrus, le corps étranger qui a entraîné la gangrène de toute la région. Ainsi, le sang palestinien coule du fait d'autres Palestiniens sans que les Israéliens aient à intervenir. Des Libanais dépensent une énergie gigantesque contre la Syrie, alors que les Israéliens ont détruit la moitié de leur pays. En Irak, c'est pire, une majorité chiite et une minorité kurde, frustrées par des siècles de domination sunnite (installée par les divers occupants, turcs et anglais) mènent des actions d'une barbarie sanglante sans se soucier du futur, car, d'une manière comme d'une autre, ces peuples sont appelés à vivre ensemble.
Leur mémoire est courte: ils n'ont qu'à se rappeler la mésaventure des Assyro-Chaldéens (Araméénophones) et des Kurdes utilisés par la Grande-Bretagne pendant la Première Guerre mondiale: la perfide Albion les a lâchés pour des raisons de stratégie géopolitique et a mis à la tête de l'Irak une dynastie arabe, sunnite et hachémite. Les Assyro-Chaldéens ont été décimés et les Kurdes se sont retrouvés Grosjean comme devant. L'Histoire est une véritable école. Des pays arabes ont appelé en renfort les troupes US pour détruire l'Etat irakien. Ils ont financé cette guerre qui va enfanter automatiquement d'autres guerres, d'autres occupations. Des petits pays comme le Qatar ont sponsorisé «la révolution» libyenne. Aujourd'hui 12.000 hommes américains qui n'ont pas réussi à installer la démocratie ni en Afghanistan ni en Irak vont venir en Libye s'installer à l'ombre des derricks. Hier, les pirates turcs, aujourd'hui les terroristes islamistes: tout est prétexte pour occuper des pays dont les peuples ont été déjà spoliés par leurs propres frères.


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