Algérie

La lecture est-elle prise en otage '



La lecture est-elle prise en otage '
Quel est l'intérêt d'organiser un «méga» salon international du livre si les prix de ces derniers restent inaccessibles ' Une question intrigante qui est passée, sans aucun doute, par l'esprit de tous les visiteurs de la 16e édition du Salon international du livre et qui demeure sans réponse dans la mesure où l'éditeur incombe la responsabilité aux nombreux problèmes qu'il rencontre quotidiennement.
Etrange est le moins qu'on puisse dire au sujet des prix des livres proposés à la vente à la 16e édition du Salon international du livre d'Alger qui s'est clôturé samedi dernier. En effet, malgré les sommes colossales déboursées par l'Etat pour sa subvention afin de réduire les coûts de sa production, aucun changement n'a été enregistré au moment de sa commercialisation. «Dans tous les pays du monde, nous a lancé Madjid, un visiteur du Sila, les prix du livre dans un salon sont étudiés. Malheureusement, en Algérie, les livres sont proposés à des prix élevés. Je ne vois pas l'intérêt d'organiser un tel événement.» Toufik, étudiant en troisième au département de français, partage le même avis. «En visitant les différents stands, j'ai trouvé des livres très intéressants mais non disponibles dans les librairies. Faute de moyens, je n'ai pas pu les acheter. Les prix proposés dans ce salon sont trop élevés», a-t-il déploré. Malika, étudiante, elle aussi, n'a pas caché son mécontentement : «Je ne comprends pas. Comment un livre dont les droits d'auteur sont tombés dans le domaine public se vend à 1 500 DA ' Pourquoi le ministère, à qui la responsabilité de la commercialisation des livres incombe, ne prend pas les dispositions nécessaires pour pallier ce genre de problématiques ' D'autant plus que le secteur de l'édition bénéficie d'une enveloppe budgétaire conséquente à chaque loi de finances.» Être éditeur n'est pas une mince affaire ! «L'éditeur algérien est confronté à des problèmes qui ne se régleront pas avec une simple subvention», a déploré un éditeur qui a requis l'anonymat. Pour notre interlocuteur, «ce n'est pas la subvention qui réglera le prix du livre en Algérie ! Il faut que les services concernés règlent le problème du prix du papier qui dépasse les 130 dinars le kilogramme (en fonction de son grammage). Il faut qu'il nous règle aussi le problème de la diffusion et de la promotion du livre», a-t-il dit. Notre interlocuteur a également remis en cause les prix des placards publicitaires aussi bien dans les journaux que dans les boulevards. «Comment voulez-vous que j'assure la promotion d'un nouveau livre dans les placards publicitaires implantés dans les rues et dans les journaux si cela me coûte les yeux de la tête '», s'est-il interrogé. «L'éditeur, selon notre interlocuteur, souffre également du manque de moyens de diffusion du livre. Nous sommes contraints d'assurer cette tâche avec des moyens matériels insuffisants. Ce qui n'est pas le cas dans les autres pays, où il existe des sociétés spécialisées dans le domaine de la diffusion de l'écrit.» Tous ces facteurs, selon lui, ont un impact direct sur le coût du livre. «Ainsi, si le prix de revient d'un livre chez l'imprimeur est de 200 dinars, on est obligés de le vendre à 600 dinars après avoir comptabilisé ces charges», a-t-il dit. Afin de vérifier ces propos, la NR s'est rapprochés d'un imprimeur connu sur la place d'Alger et qui a eu l'amabilité de nous communiquer le prix de revient d'un livre de 192 pages avec une couverture en papier. En additionnant, comme vous pourrez le constater sur le tableau ci-dessous, les prix de pelliculage de la couverture, les coûts fixes de l'impression et du calage de la couverture et les coûts de la reliure et de la distribution, cela revient à l'imprimeur 220,04 dinars l'unité. L'imprimeur doit ensuite fixer sa marge de bénéfice dont le pourcentage est calculé sur la base du nombre de livres imprimés. Cette marge peut aller de 10% à 33%. Donc, le livre, selon notre interlocuteur peut coûter à l'éditeur de 242,04 dinars à 292,65 dinars l'unité. À ce prix, viendront s'ajouter les frais éditoriaux, ceux de la prépresse, des charges et ceux de la diffusion. Et en attendant le règlement définitif de ce problème, le livre, bien qu'il soit considéré comme le principal support didactique permettant la diffusion du savoir et de la culture, demeure en Algérie hors de la portée des bourses moyennes.


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