Algérie

La lecture demeure toujours une option Deux années après sa réintroduction dans les programmes scolaires


La lecture demeure toujours une option                                    Deux années après sa réintroduction dans les programmes scolaires
Photo : Riad
De notre correspondant à Constantine,
Nasser Hannachi

Le weekend, les enfants rentrent à la maison sans penser à le passer avec un conte ; des fois, ils n'en ont même pas. Les carnets scolaires d'évaluation ne renferment aucune appréciation sur la lecture dirigée. La réintroduction de la lecture dans les établissements scolaires à la faveur de la circulaire interministérielle -entérinée par la ministre de la Culture, Khalida Toumi et l'ex-ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid - n'a pas connu un grand impact. Que d'engagements et promesses sans lendemain ! La décision de réinscrire la lecture dans les programmes scolaires - voire la rendre obligatoire - est restée lettre morte et son application attend toujours bien que les pouvoirs publics aient dégagé le fonds livresque, nécessaire depuis deux années. Malgré la large distribution de livres émanant du ministère de la Culture, à travers les douze communes de la wilaya de Constantine via les directions locales et l'académie, bibliothèques et salles de lectures demeurent vides. Et si on y trouve quelques enfants, ce ne sont pas des lecteurs mais juste des élèves qui ont un exposé ou des révisions à faire. C'est là une réalité que tout le monde connaît et que personne ne pensera démentir. Selon des pédagogues, c'est là une anomalie dans l'application de la réforme scolaire. Après que celle-ci ait obligé les ménages à recourir aux cours de soutien et ouvrages parascolaires pour combler les lacunes de l'école, voilà qu'elle tourne le dos à la culture générale. Si certains établissements se plaignent d'un manque d'espace pour lire, d'autres, par contre, soutiennent que le corps enseignant n'est pas formé dans ce sens. Actuellement, ce sont des enseignants qui se chargent de la répartition des livres aux écoliers. Il était prévu qu'à la fin de chaque trimestre, au moins, un compte-rendu sera demandé à l'élève après lecture d'un livre. Dans la réalité, cette lecture est, en fait, une option dans la mesure où aucune évaluation qui obligerait les enfants à lire et à faire le compte-rendu n'est incluse dans le bulletin de notes.Et ils sont nombreux, parents et élèves, à s'en réjouir ! «Avec un programme chargé malgré le léger lifting qu'on lui a apporté sous les commandes de Benbouzid, les élèves peinent à suivre les cours à l'intérieur des établissements», témoigne un parent. En clair, les observateurs contestent en partie la réforme scolaire opérée depuis des années et «qui aura poussé les enfants scolarisés à sacrifier des horaires de repos pour faire des cours de soutien». Les enfants trouvent d'énormes difficultés à suivre les leçons prodiguées en classe. Tout le monde s'accorde à dire que la lecture est fondamentale pour chaque élève car elle lui permet de développer ses connaissances et ses capacités intellectuelles tout en le distrayant. Mais il faut qu'on lui ait d'abord inculqué l'envie de lire et qu'il ait ensuite un volume horaire qui lui permette de prendre un livre. Lorsque dès la première année on plonge l'élève dans la course aux notes, il y a peu de chances que le livre trouve sa place dans son esprit. Dès lors, il est rejeté non plus au second ou au deuxième, mais au dernier plan. Les pouvoirs publics, notamment le ministère de la Culture, ont énormément investi dans ce créneau en vue de redonner à la lecture et au livre leur valeur d'antan. En plus des bibliothèques ambulantes, bibliothèques et salles de lectures communales ont été dotées de plus de 80 000 ouvrages. Et pour socialiser le livre, le Feliv et «Lire en Fête» sont venus le replacer sur les devants de la scène. Mais malgré tous ces efforts, l'engouement pour la lecture demeure faible ! «Cela requiert un autre débat de fond associant pédagogues, enseignants, et acteurs directs activant dans les bibliothèques scolaires», note un professeur à l'université. Avant de ponctuer : «Peu importe la quantité d'ouvrages distribuée si elle n'est pas véhiculée et mise en valeur'»
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