La leçon Uli Hoeness

C'est une véritable bombe qui vient de secouer le football international. Le président de l'un des 5 clubs les plus puissants de la planète, Uli Hoeness, le patron du célèbre Bayern Munich, va purger trois années de prison pour avoir frauder le fisc allemand.On imagine mal chez nous qu'un président de club puisse aller en prison. C'est quelque chose de tabou. Depuis plus de vingt ans il est reconnu que l'un des maux les plus graves du football algérien est le phénomène de la corruption et de l'achat des matches et des arbitres.Avez-vous entendu jusqu'ici qu'un président de club ait été inquiété dans ce domaine ' Il y a bien eu l'affaire du match JS Saouara-CB Batna, au cours de laquelle le président du club premier cité a été condamné à de la prison mais ce dossier est en appel et semble vraiment traîner en longueur.Les instances du football, LFP et FAF, elles, ont décidé de ne rien faire tant que la justice ne s'est pas prononcée de manière officielle. Dans les années 90, il y avait un président qui n'hésitait pas à dire des vérités.Il n'est plus de ce monde aujourd'hui. On parle de Zoubir Bendali, l'homme qui avait contribué à faire monter l'USMB en Nationale 1 après de très longues années à vivoter dans les profondeurs de la hiérarchie du football algérien.Interviewé un jour par l'un de nos confrères au sujet des assemblées générales des clubs de football il avait fait une sorte d'aveu.«Tout le monde sait que si l'Etat se met à inspecter de manière sérieuse les comptes des clubs, nous irions tous en prison» avait-il déclaré. Que de fois, la presse sportive ou autre a-t-elle étalé des déclarations de présidents de clubs qui s'accusaient mutuellement de corrompu. aucun d'eux n'a été inquiété.C'est comme si il était interdit de toucher aux clubs de football. Pourtant, même le président de la république, M. Abdelaziz Boutfelika, avait, dans un discours mémorable tenu à Sétif, stigmatisé «ces faiseurs de rêves qui jouent avec l'avenir de nos enfants», allusion faite aux présidents de clubs.Pour revenir à Hoeness, il y a à peu près un mois de cela, la chaîne de télévision Canal Plus avait diffusé un reportage sur le Bayern Munich. Hoeness était poursuivi par la justice allemande mais n'était pas condamné.On l'y avait vu un soir de match de son équipe en train d'acheter un sandwich en compagnie de son adjoint Rummennige au milieu d'une nuée de supporters, eux aussi clients du même marchand.L'un d'eux s'était permis l'audace de dire à Hoeness qu'il allait payer son sandwich avec l'argent du contribuable. On aurait pu croire que le président du Bayern allait sévèrement répliquer. Il n'en fut rien.Il regarda le supporter en question et s'en alla comme si rien ne s'était passé. Une leçon à tous nos présidents de clubs.