Algérie

La leçon Snowden



La situation d'Edward Snowden est une leçon en soi. Le technicien de la NSA a révélé au grand jour l'existence du programme de cyber-écoute mondiale «Prism» pour le compte du renseignement américain. Tout le monde s'est accordé à dire que c'était-là un geste juste et courageux, sauf les Américains qui le considèrent comme un espion à embastiller, position qui a l'avantage d'être claire et tranchée. On n'en dirait pas autant des autres dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle est bivalente. Snowden a bien fait, mais il n'y aura pas grand monde pour le soutenir, encore moins l'accueillir, quand il s'enfuie des Etats-Unis et demande refuge à quelque 21 pays. Il est clair que Washington a fait pression sur tous les pays pour refuser l'asile à l'ennemi des Etats-Unis. Et ça marche avec l'écrasante majorité, particulièrement les Européens, qui, pourtant, s'étaient déclarés atterrés d'apprendre que «big brother» était revenu et qu'ils étaient «écoutés» par l'ami américain, jusque dans leurs centres décisionnels. Ils ont d'ailleurs demandé des comptes aux Etats-Unis et menacés de revoir leurs relations et les termes de leur coopération tant économique que sécuritaire. Mais aucune de ces capitales, qui passent leur temps à donner des leçons aux pays du Sud sur les droits de l'Homme, le droit des peuples à la démocratie et la liberté et tutti quanti, n'a accepté de recevoir M. Snowden dont on a diplomatiquement décliné les demandes d'asiles. Pis, on n'en parle même pas. Les JT tartinent sur tout mais ne pipent pas mot sur ce jeune homme qui est réfugié dans l'espace de transit d'un aéroport russe, du moins pas comme on traiterait l'information sur un physicien iranien qui se serait réfugié aux Etats-Unis parce que recherché par Téhéran pour espionnage. Là, la balance pencherait autrement, le poids déterminant n'étant pas le droit et la justice, mais la puissance et les intérêts. «Le cas de Snowden a montré la nécessité de protéger les personnes divulguant des informations sur des sujets qui ont des implications sur les droits de l'Homme, de même que l'importance d'assurer le respect du droit à la vie privée [']. Les systèmes juridiques nationaux doivent s'assurer qu'il y a des mesures adéquates pour permettre que des individus révélant des violations des droits de l'Homme expriment leurs inquiétudes sans crainte de représailles», a affirmé la Haut-Commissaire aux droits de l'Homme des Nations unies, Navi Pillay. Les personnes qui donnent l'alerte de l'intérieur des services de renseignement doivent aussi être protégées, ajoutera Mme Pillay qui ne manquera pas d'égratigner tous ces pays inhospitaliers. «Sans préjuger de la validité d'une quelconque demande d'asile faite par Snowden, j'appelle tous les Etats à respecter le droit garanti au plan international de chercher asile», dira-t-elle, avant de leur rappeler «leurs obligations juridiques internationales». Ils les connaissent déjà et c'est sciemment, au nom d'intérêts communs, qu'ils les ont jetés aux orties.H. G.


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