Algérie

La leçon orwellienne (VII)



La leçon orwellienne (VII)
Et les autres droits ' Sous prétexte de « sécurité nationale », le droit de grève n'existe plus que sur le papier si le gouvernement le juge utile.En octobre 2002, à la demande de la Maison Blanche, un juge fédéral « suspend pour une durée de 80 jours » la grève qui opposait les dockers aux entreprises portuaires de la côte ouest. Cette mesure répressive, qui équivaut pratiquement à une interdiction, repose sur une loi antisyndicale qui n'avait pas été appliquée depuis 25 ans. Rendue « illégale », la grève des dockers peut maintenant être assimilée à un acte de terrorisme si elle est poursuivie. En septembre 2004, l'ancien chanteur Cat Stevens est lui aussi victime de l'hystérie islamophobe. Depuis qu'il s'est converti à la religion musulmane, en 1977, il est connu sous le nom de Yusuf Islam, et chacun sait - à commencer par les autorités américaines - qu'il n'a rien d'un fanatique, bien au contraire. Mais au « pays de la liberté », un tel nom déclenche automatiquement l'alerte rouge. C'est pourquoi l'avion Londres-Washington dans lequel se trouvait le « terroriste présumé » a dû atterrir à Bangor, dans le Maine, et n'a été autorisé à redécoller que quatre heures plus tard, après avoir été dûment « désislamisé ». Yusuf, qui a un passeport britannique, a ensuite été expulsé. Il s'en tire à bon compte - on aurait pu l'enfermer à Guantánamo Bay. (Imaginons un instant ce qui se passerait si un autre pays - par exemple le Brésil ou la Chine - traitait de la même façon une personnalité juive ou convertie au judaïsme - disons Bernard-Henri Lévy ou Madonna-Rebecca...) Bien sûr, la répression touche en premier lieu deux groupes : d'une part les Arabes et les musulmans (ou supposés tels), d'autre part les opposants politiques. Mais contrairement au fascisme allemand des années 1930, le fascisme américain naissant ne se limite pas à ces critères raciaux, religieux ou idéologiques. Un très grand nombre de victimes sont choisies au hasard. Tout le monde et n'importe qui peut être frappé par l'arbitraire des innombrables flics réels ou autoproclamés de l'hystérie « sécuritaire ». Une atmosphère de peur et de suspicion générale est en train de s'installer, ayant pour but de préparer le terrain pour le jour J, le jour où une « attaque terroriste majeure » rendra « nécessaire » d'abolir totalement les libertés et d'instaurer définitivement la dictature militaire et policière. Décembre 2009 : dans un article intitulé : « Ame-rica's Secret ICE Castles », Jacqueline Stevens (The Nation) explique que l'ICE (Immigration and Customs Enforcement) entretient un peu partout aux Etats-Unis des locaux banalisés (subfield offices) où sont détenues au secret de nombreuses personnes arrêtées arbitrairement. Les prisonniers (souvent des étrangers) n'ont aucun droit ni même aucune existence légale. Les geôles clandestines ne sont signalées par aucun panneau ni aucun drapeau, les véhicules ne portent aucun signe distinctif, le personnel est toujours en civil ; parfois, une administration existante ou imaginaire sert de couverture à ces Guantánamo de l'intérieur. Nul ne sait ce que deviennent tous ces détenus : une situation assez comparable à celle des dictatures latino-américaines (passées ou présentes) téléguidées depuis Washington. (suite et fin)




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