En février 2003, John Ashcroft prépare PATRIOT II, le second volet de la loi d'exception promulguée en 2001. Ce texte prévoit en outre de déchoir de la nationalité américaine (« to expatriate ») toute personne qui ferait partie ou serait « compli- ce » d'un groupe désigné comme « terroriste » par le gouvernement des Etats-Unis - c'est-à-dire pratiquement n'importe qui, y compris les opposants à la guerre.Cette procédure permettrait de transférer l'intéressé dans un camp échappant à la juridiction américaine - à Guantánamo, par exemple. Ainsi, avec ce PATRIOT II, on est passé à la vitesse supérieure : la surveillance totale et la dictature fasciste. Bien entendu, les Etats-Unis n'ont jamais été le havre de démocratie et de liberté que nous décrit la légende. Dès l'origine, la liberté ne vaut que pour une fraction de la population. Les Noirs, d'abord tenus en esclavage puis victimes de la ségrégation raciale, et les Amérindiens, parqués dans des réserves quand ils échappent à l'extermination, n'en bénéficient - de façon formelle - que depuis une époque récente. Quant à la « liberté » de dizaines de millions d'Américains écrasés par la misère, le chômage, les petits boulots précaires, la violence, la drogue, etc., mieux vaut ne pas en parler... La démocratie, elle, s'est toujours limitée - pour ceux qui disposaient du droit de vote - à choisir entre un âne et un éléphant et à signer un chèque en blanc tous les quatre ans. Comme toute chose aux Etats-Unis, liberté et démocratie sont des marchandises et ne sont donc accessibles qu'à ceux des citoyens qui peuvent se les payer. Selon sa fortune, on peut en avoir beaucoup, un peu, ou pas du tout. Si les textes de loi disent autre chose, c'est qu'il y a loin de la théorie à la pratique. Que des citoyens issus de tel ou tel groupe minoritaire, marginal ou défavorisé aient réussi à utiliser ces lois à leur profit pour accroître leur propre liberté et se hisser à un niveau plus élevé de la pyramide sociale, c'est incontestable. Cette émancipation est le résultat d'une lutte individuelle ou collective; elle ne s'est pas produite grâce au système, mais malgré lui, contre lui. Aux Etats-Unis, comme dans beaucoup d'autre pays comparables, chacun est « libre » de faire ce qui ne nuit pas à l'ordre établi et aux intérêts des groupes dominants. La fameuse boutade « dictature = ferme ta gueule; démocratie = cause toujours » résume bien la situation. De toute évidence, le « cause toujours » garanti par la loi va encore trop loin aux yeux des profiteurs du 11 septembre. Les nombreuses possibilités permettant aux citoyens de s'exprimer ou d'agir à l'encontre des intérêts dominants - sans pour autant les menacer -, deviennent subitement excessives et doivent donc disparaître. Pour que « le peuple ferme sa gueule », on n'hésite pas à brûler la Constitution américaine et ce qu'elle symbolise. (à suivre)
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Posté Le : 22/11/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : C A
Source : www.lnr-dz.com