Algérie

La leçon orwellienne (III)



La leçon orwellienne (III)
La définition du «terrorisme» que donne la nouvelle loi est tellement vague que toute forme d'opposition, aussi modérée soit-elle, peut tomber sous le coup de la répression: manifestation, boycott, grève... La moindre protestation, le moindre «piratage» électronique peuvent aussi être assimilés à du «terrorisme».En vertu de la nouvelle loi, le FBI a tout loisir d'espionner les communications téléphoniques et électroniques des citoyens et d'échanger les informations ainsi obtenues avec d'autres agences gouvernementales, sans qu'il soit nécessaire pour cela d'obtenir une décision de justice. En ce qui concerne Internet, le FBI est autorisé à surveiller les communications de toute personne ayant eu accès à un ordinateur «sans autorisation». A la limite, un employé ou un fonctionnaire consultant un site à titre privé depuis son bureau, risque de tomber sous le coup de la loi. C'est la porte ouverte à tous les abus. Le FBI dispose également d'un droit d'accès illimité à tous les dossiers médicaux, financiers, universitaires et autres de tous les citoyens - sans autorisation judiciaire préalable et sans aucun contrôle. Bien entendu, les perquisitions à domicile ou dans les entreprises peuvent maintenant s'effectuer sans mandat. Les biens des «coupables» peuvent être purement et simplement confisqués au profit de l'Etat. Les médias, déjà passablement conformistes du fait de leur dépendance vis-à-vis des grands groupes financiers, sont tenus de s'aligner plus encore sur le point de vue officiel, faute de quoi ils risquent d'être accusés de «complicité avec le terrorisme». Cette censure sournoise est «justifiée» par le «fait» que le pays serait «en guerre». Les réseaux de télévision, la radio et les journaux se plient sans rechigner à ces nouvelles mesures et édictent par voie de circulaire interne des règles de conduite à l'usage de leurs collaborateurs. Violer ou même simplement égratigner ces règles, conduit au licenciement immédiat. Le ministre de la «Justice», John Ashcroft, a déclaré haut et fort que les droits garantis par la constitution ne valaient pas pour les «terroristes» et leurs «complices». Mais comme n'importe qui peut être accusé de «terrorisme» ou de «complicité», c'est pratiquement l'ensemble du pays qui est privé de ses droits. La loi prévoit l'institution d'un ministère de la «Sécurité» intérieure et la militarisation de vastes secteurs de la vie civile. Pour la première fois depuis le XIXe siècle, l'armée peut intervenir sur le sol même des Etats-Unis pour renforcer ou remplacer les forces de police. La Maison Blanche et le Pentagone considèrent que «la guerre» a lieu sur de multiples fronts, y compris sur le «front de l'intérieur». Si les effets visibles de ces mesures sont moins spectaculaires que ceux qu'aurait provoqués un coup de force militaire classique, c'est d'une part parce que l'opinion n'y oppose aucune résistance, et d'autre part parce que les médias cachent l'ampleur réelle du phénomène. (A suivre)




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)