Algérie

La leçon Ebossé


La leçon Ebossé
Les Algériens, gens ordinaires, autorités sportives et observateurs avertis semblent découvrir la violence mortelle à la suite de la mort du joueur de la JSK, Albert Ebossé, tué au moment où il allait rejoindre les vestiaires après un match perdu par son équipe. Il y a, certes, quelque embarras de voir la mort d'un homme, sous prétexte qu'on ne peut pas mourir sur un stade de foot dans un pays où la mort a été banalisée depuis longtemps. Mais l'émotion, voire le niveau d'indignation qu'a suscité ce drame a quelque chose de réconfortant, si tant est qu'on peut parler de «réconfort» dans des circonstances aussi cruelles.On ne le dit pas mais il paraît qu'il y a des «morts utiles». C'est souvent une piètre consolation mais il est des situations où il faut s'accrocher à quelque chose, même si le c'ur et la conviction n'y sont pas. Surtout quand il est aussi manifeste que ce sont, encore et toujours, ceux qui sont à l'origine du problème qui «s'activent» à trouver les meilleures solutions.Il fallait écouter le Premier ministre nous dire solennellement et sur un ton sentencieux qu'il faut «appliquer la loi dans toute sa rigueur? sans faire dans l'excès» pour mesurer tout le sérieux et l'efficacité de ce qui est envisagé comme mesures pour endiguer le «phénomène» de la violence. On n'appliquait donc pas la loi ! Et pourquoi donc 'Comme personne n'attend du Premier ministre qu'il donne la vraie réponse, il faudra bien que quelqu'un le fasse à sa place. Un «Etat» en flagrant déficit de légitimité n'a généralement pas vocation à opposer sa loi et son autorité, il gère les capacités de nuisance des uns comme il gère les disponibilités à l'allégeance des autres. Les deux avec des niveaux de rétributions variables et des rapports qui changent selon les circonstances et l'utilité du moment.Ce sont les mêmes qu'il envoie chahuter des sit-in de contestation politique ou syndicale et agressent leurs organisateurs qui sèment la terreur dans les stades, détroussent les vieilles femmes au coin de la rue, rackettent les automobilistes, moralisent les plages en organisant la chasse aux maillots de bain et traquent de jeunes couples qui câlinent dans les buissons ou sur une crique. Pour «appliquer la loi», Monsieur Sellal, il faudra renoncer à tout ça.Et rassurez-vous, personne ne vous soupçonne de vouloir vous tirer une balle dans le pied ! Parce qu'il y a de fortes chances que le petit voyou qui a lancé un bloc de pierre sur la nuque du joueur camerounais figure parmi les dizaines de «supporters» de la JSK que les dirigeants de ce club vont régulièrement sortir du commissariat à la suite de violences commises dans le stade ou à sa périphérie.Et venir annoncer ça aux plus ultras de la galerie comme un acte de bravoure, de bonne gestion et de promesse implicite d'impunité. Car dans la foulée, on s'adresse aussi à «plus haut» : les petits clients du pouvoir dans les moments utiles sont entre de bonnes mains ! A Tizi Ouzou comme ailleurs.Jusqu'à preuve du contraire, le poignardeur du joueur de l'USMA à Saïda a bien été identifié et il ne lui est rien arrivé ! On n'a pas eu besoin de caméras de surveillance pour ça. Même si les caméras de surveillance font partie du dispositif technique de dissuasion qui a fait? ailleurs ses preuves d'efficacité. Mais ça, c'est ailleurs !


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