Le 23 octobre 2011, les Tunisiens, pour la première fois de leur histoire, avec 111 partis politiques de différentes sensibilités - il y aura une décantation à l'avenir - ont élu librement une Assemblée constituante qui comprendra 217 sièges.
3- Le Maghreb et le coût de la non-intégration Selon les données de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), le Maghreb s'avère ainsi l'une des régions qui ont résisté le mieux à la crise économique, puisque les IDE ont chuté en moyenne de 17% dans le bassin méditerranéen et de 35% à l'échelle mondiale. L'observatoire Anima note, toutefois, que la situation des pays du Maghreb n'est pas identique. Le volume global des échanges entre les Etats membres du Maghreb est très faible, ne dépassant pas 3 pour cent moyen-ne 2008/2009, celui entre les pays arabes 6% et le commerce intra-africain ne dépassant pas 10% dont pour l'Algérie 1% de ses échanges. Aussi, entre les discours et la réalité, il existe un large fossé. Une étude réalisée par le secrétariat de l'Union du Maghreb arabe (UMA) courant 2009 a montré que l'intégration économique dans la région lui ferait gagner 5 milliards de $ en investissements dont 3 en IDE/an et un nombre important d'emplois dans une zone où il y a trois (3) millions de chômeurs qui constituent 12% des actifs, ce qui correspondrait en matière d'échan-ges aux transactions conclues entre 2 000 à 3 000 PME maghrébines par an. L'augmentation des exportations pour les produits agricoles pourrait atteindre les 45%, ce qui correspondrait à 170 millions de $, ce qui représente près de 1% du PIB net agricole du Maghreb arabe. Quant au secteur électrique, il pourrait économiser près de 25% de sa production si les centrales électriques maghrébines étaient intégrées. Et à supposer que la capacité de production pour les 20 prochaines années doit passer à 26 gigawatts, l'intégration permettrait d'en économiser 6,6. En réalité l'impact négatif de la non-intégration est plus important si l'on tient compte des effets cumulatifs dus aux économies d'échelle et surtout le peu d'attrait des investisseurs potentiels intéressés par de grands marchés. Aussi, la dynamisation des relations entre les pays du Maghreb ne sera possible que si les dirigeants ont une vision commune du devenir commun de leur population, la région pouvant devenir une région économique pivot, intégrant l'émigration, ciment de l'interculturalité et des échanges, pouvant être un sous-segment de la dynamisation du continent Afrique enjeu du XXIe siècle qui abritera à l'horizon 2025 plus de 1,5 milliard d'âmes dont son intégration selon une vision pragmatique et progressive est un défi majeur qui permettrait d'éviter ces images désolantes de jeunes fuyant tant le Maghreb que le continent Afrique à partir d'embarcations de fortune. Ce sera une condition sine qua non, afin de peser dans les grandes décisions internationales, les micro- Etats en ce XXIe siècle n'ayant que peu d'impact. Pour éviter sa marginalisation, le Maghreb doit quadrupler son produit intérieur brut entre 2015/2020 pour un PIB global d'au moins 1.600 milliards de dollars à prix constants 2010. Cela est possible pour peu que la volonté politique existe d'aller vers un Etat de droit, une gouvernance rénovée, la revalorisation du savoir loin des rentes, le mal étant avant tout en nous et les solutions existantes à notre portée. Cela passe également par des politiques, des réformes institutionnelles et microéconomiques, la stabilisation macro-économique étant éphémère sans réformes de structures. 4- La démocratisation nécessaire au Maghreb Les gouvernements au Maghreb doivent à tout prix éviter d'avoir un mépris pour leurs peuples et notamment leur jeunesse, comme cette banalisation des harragas, ces jeunes qui achètent la mort. Mais, attention, les harraga ne touchent pas seulement les défavorisés. Les enfants des dirigeants qui donnent d'ailleurs de fausses leçons, ou d'une certaine couche riche, installés à l'étranger par leurs propres parents pour gérer leurs affaires, sont eux-mêmes des harragas dorés qui n'ont pas risqué leur vie. Mais également les jeunes filles du Maghreb qui ont connu un succès plus important à l'école et dont la frustration se manifeste sous d'autres formes. Il serait malsain pour les régimes du Maghreb de considérer leur peuple comme un peuple mineur, la jeunesse maghrébine étant capable de miracles comme le montre l'expérience tunisienne, pour peu que les gouvernants lui tiennent un discours de vérité grâce à une nouvelle communication, une gouvernance rénovée, la valorisation du savoir et de l'intelligence et une réorientation de leur politique socioéconomique conciliant l'efficacité économique et une profonde justice sociale, ce qui suppose des réaménagements dans les structures du pouvoir car l'économie est avant tout politique. La vision dictatoriale des choix est dépassée étant à l'ère de la mondialisation et d'Internet (on a pu parler pour la Tunisie du renversement de l'ex-président par Internet) comme le montrent, avec des régimes différents, la réussite des pays émergents qui construisent une économie de marché concurren- tielle maîtrisée, le monopole public ou privé étant néfaste, et ce, grâce au rôle stratégique de l'Etat régulateur, l'économie de marché ne signifiant pas anarchie, tout monopole, qu'il soit public ou privé, étant néfaste à l'économie. L'important est le développement des espaces de liberté de la société civile, de nouveaux réseaux crédibles, la sécurité d'un pays étant l'affaire de tous. Il est de plus en plus nécessaire de moraliser les institutions et les pratiques par la démocratisation des décisions. La concertation et le dialogue permanents deviennent urgents entre les véritables forces vives du Maghreb et non des organisations fonctionnarisées, aux ordres, figées, incapables de mobiliser, vivant grâce au transfert de la rente, la jeunesse ayant exprimé d'autres aspirations, si l'on veut éviter d'accentuer le divorce Etat/citoyens, les derniers événements ayant montré l'inefficacité des réseaux officiels. Sans intégration, les tensions sociales à toute la région à moyen terme seront inévitables. Pourtant, le Maghreb a toutes les potentialités pour surmonter cette crise et être un acteur actif au sein du bassin méditerranéen et surtout tracer son destin futur qui doit être en Afrique. Pour cela, face aux enjeux de la mondialisation, les régimes maghrébins doivent dépasser leur vision étroite pour une intégration maîtrisée, un Etat de droit, une gouvernance renouvelée, une société plus participative et moins inégalitaire au profit de l'ensemble de la population de la région. Dans ce cadre, du fait des impacts géostratégiques, espérons pour laTunisie une transition réussie. (Suite et fin)
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Posté Le : 26/10/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abderrahmane Mebtoul
Source : www.lnr-dz.com