Algérie

La LADDH rend visite aux familles expulsées de leurs logements



Avisé de la visite des membres du bureau d'Oran de la ligue de défense des droits de l'homme (LADDH), le directeur d'une école située à El Hassi s'est empressé d'assister à cette rencontre. Lui aussi se trouve parmi les sans abris. Sa famille se trouve séparée : sa femme et sa fille vivent dans un salon de coiffure faisant quatre mètres sur quatre et lui et ses gosses partagent avec d'autres un abri à l'aide d'un morceau de plastique. Elles sont cinq familles à se retrouver à la rue depuis le 21 juin dernier. L'immeuble où vivaient une trentaine de personnes, plutôt où ils couraient le risque de se retrouver un jour sous les décombres, a été évacué par la force publique. Mais, cette fois- ci, la force publique a interdit à ces familles qui se sont retrouvées sans abri d'ériger des tentes pour s'y installer et devenir du coup visibles.

Selon les explications qui nous ont été fournies, toutes les familles expulsées sont des locataires. Certaines d'entre elles habitent cet immeuble depuis plus de quarante ans. Leurs problèmes ont commencé quand cet immeuble a changé de main, c'est-à-dire quand les héritiers de sa propriétaire l'ont cédé à un autre. Pour pouvoir se débarrasser des locataires, il a pu obtenir un document de l'APC attestant que l'immeuble menace ruine. S'en suivirent trois années de tractations judiciaires. Cependant, ceux qui se sont retrouvés à la belle étoile s'interrogent pourquoi le responsable de la mairie qui a fourni le document en question ne les a pas inscrits sur la liste des sinistrés que les pouvoirs publics relogent par vagues successives ou promettent de reloger. On nous affirme que leur évacuation mani-militari a été précédée de la visite du chef de daïra sur les lieux. Ce responsable n'a pas pu franchir le seuil de l'immeuble et s'est contenté d'affirmer que la bâtisse présente de réels risques d'écroulement. Nos hôtes, dont l'épouse d'un ancien moudjahid et une divorcée avec six enfants, las des tractations judiciaires réclament d'être relogés. Les membres du bureau d'Oran de la LADDH leur ont expliqué que les lois de la République, notamment l'article 58, sont censées assurer la dignité des citoyens, notamment sur le chapitre du logement. Un commerçant ambulant nous parlera du drame de sa fille étudiante. N'ayant pas pu obtenir un emploi malgré son diplôme obtenu, elle se retrouve SDF dans son pays, pas loin d'une institution de la République chargée de la protection des citoyens. L'immeuble en question se trouve au N° 1 Rue Ben Ouda Lahouari. Dans le quartier Saint Pierre, Rue El Qods, ce sont treize familles qui vivent, et autant de jeunes filles et de femmes, qui connaissent le même drame. Elles aussi étaient locataires d'un immeuble, dont le propriétaire décide de rénover. Et pour cela, il a mis ses habitants à la rue. Ces familles ont confectionné des sortes d'abri en face de l'immeuble où elles logeaient. On nous parlera d'un locataire âgé de 85 ans qui se retrouve actuellement chez une de ses filles. Profitant du passage des membres de la LADDH, une mère exhibera la photo de son fils handicapé moteur qui se déplace à l'aide de béquilles, actuellement en détention. Il a été incarcéré pour avoir menacé les forces de l'ordre de faire exploser une bouteille de gaz butane. Cette mère parlera d'un second enfant, se trouvant lui aussi en détention parce qu'il s'est opposé aux forces de l'ordre venues superviser l'opération de les déloger. Cette même mère expliquera à haute voix, histoire de prendre à témoin ses voisins et les passants, que l'opération de les évacuer a été des plus musclées. «Des dizaines de casques bleus sont venus nous faire sortir. On a vécu les scènes qu'on voit à la télévision concernant les territoires occupés par Israël» tonne-t-elle. «A qui s'adresser pour faire cesser cette hogra ?» lance-t-elle à ses visiteurs, membres de la LADDH. Ces derniers travaillent d'arrache pied pour mettre sur pied un collectif d'avocats pour assister les familles expulsées.




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