Algérie

La lâcheté institutionnalisée



L'affaire Mohamed Gharbi vient de connaître son épilogue avec un verdict tombé comme un couperet un certain lundi que les forces vives de la nation et tous les patriotes ne sont pas près d'oublier. C'est le résultat du procès d'un nationalisme qui n'est plus dans l'air du temps et le couronnement d'une réconciliation meurtrière au profit des commanditaires des assassinats sordides d'une décennie faite de terreur et de bilans macabres. ConstantineDe notre bureau Alors que toute l'Algérie tanguait sous le terrorisme et que les hordes islamistes, avides de feu et de sang, frappaient des cibles de choix parmi les cadres de la nation, les policiers, les gendarmes et les magistrats, les anciens moudjahidine étaient les premiers à condamner la bête immonde et à adhérer au mot d'ordre mobilisateur lancé par l'Etat qui optait pour la fermeté à l'égard des instigateurs de la subversion. Mohamed Gharbi a été l'un des premiers membres des GLD implantés dans de la région de Souk Ahras au moment où les groupes islamistes armés devaient changer de tactique pour s'attaquer aux plus vulnérables parmi les citoyens et semer, sciemment, un climat de panique en zone rurale. L'incontestable émir de l'AIS, Ali Merad, sévissait, lui, dans la région nord de la wilaya, et imposait, à l'instar des terroristes de Blida et le non moins sinistrement célèbre Z'barbar, « houkoumet ellil » (Etat de nuit). Des dizaines de faux barrages sanglants, des balades nocturnes et des menaces faisaient la notoriété des groupes islamistes et invitaient aux compromissions.La trêve sera en 2007 et Mohamed Gharbi qui faisait contrepoids au front du crime retrouvera sa vie de citoyen dans la ville qu'il a su défendre une première fois alors que le pays était sous le joug du colonisateur et une deuxième fois quand elle sera menacée par l'hydre intégriste. Sacrifié sur l'autel d'un pacte contre-nature entre les commanditaires des assassinats, des viols collectifs, du racket et les concepteurs d'une amnistie du moins douteuse, ammi Mohamed n'a pas à regretter les carriéristes de l'ONM qui s'effacent sans gloire dans les privilèges des organisations relais. Il en a dit trop sur l'authentique moudjahid. Ceux qui savent estimer les hommes nous ont contactés par dizaines. Consternation, injustice, trahison' Ce sont-là les mots qui revenaient dans la bouche des citoyens de Souk Ahras.« ça me replonge dans l'ambiance de l'assassinat de Mohamed Boudiaf. Tout ce monde de barbus arrogants, qui défile devant la maison du terroriste-en-chef pour savourer une victoire offerte sur un plat doré par une justice atone quand il s'agit des intérêts de la nation et sans état d'âme quand le sérail ou relais en font appel », propos d'un universitaire de Souk Ahras qui a juré de quitter le pays à la première occasion qui se présentera. Un moudjahid de la première heure nous a rapporté quelques-unes des prouesses de Mohamed Gharbi lors de la Révolution et n'a pas tari d'éloges sur l'homme qu'il fut pendant les années de lutte contre les hordes barbares de la dernière décennie. « Il n'est pas homme à chercher noise sans que vous ne le provoquiez. Comment peut-il s'attaquer au terroriste si ce dernier n'était pas en mesure de porter atteinte à sa famille ' », nous a confié l'un de ses compagnons de lutte. Le processus de pacification des maquis, initié par l'État, doit donc passer par le déni de justice et la lâcheté institutionnalisée.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)