Algérie

la laborieuse reconquête du public



la laborieuse reconquête du public
Depuis quelques années, aux quelques théâtres régionaux qui, des années durant, avaient construit et porté la gloire du théâtre algérien, sont venus s'ajouter d'autres. Le TRC, le TNA ou le théâtre régional de Sidi Bel Abbès ne sont plus seuls sur la scène. Désormais, à El Eulma, Mascara, Tizi Ouzou ou Saida, des pièces se montent. Des comédiens, dont beaucoup de jeunes, redonnent vie à des espaces naguère désertés ou inexistants. Pour la seule année 2009, le théâtre de Skikda a produit ... 17 pièces. Il ne se passe presque plus de semaine sans des manifestations liées à tel ou tel genre ne se déroulent quelque part. Le festival du théâtre amateur de Mostaganem, qui a célébré cette année son 46e anniversaire, n'est plus le seul rendez-vous des amoureux des planches. Même le théâtre d'expression amazighe est devenu plus visible. Béjaia s'offre un festival de dimension internationale. Même les comédiennes, dont la rareté constituait naguère le talon d'Achille du théâtre algérien, sont plus nombreuses. Le théâtre pour enfants renaît. La qualité naîtra telle de la quantité ' Pourtant le public ne se bouscule pas ou beaucoup moins aux générales et représentations des pièces qui se donnent çà et là. Il arrive même « qu'une dizaine de personnes vienne assister aux spectacles du TNA » nous confie amer un de ses anciens comédiens. S'il faut sans doute faire la part de l'aigreur, le constat est d'être faux ou exagéré. Récemment, à un spectacle où l'accès était pourtant gratuit, la pièce « La Terre et le sang » de la troupe du théâtre régional de Tizi Ouzou avait attiré à peine une cinquantaine de personnes au Mouggar. « On peut parler d'afflux » nous dit un des responsables de la salle qui se met à égrener ses souvenirs. « Maintenant, on n'autorise pas les gens à prendre place au balcon car on est sûrs que l'orchestre ne va pas se remplir. »Quelle place pour le théâtre 'La disparition de certains grands noms du quatrième art comme Kateb Yacine, Alloula, Rouiched, Medjoubi et le départ en exil de nombreux metteurs en scène ou comédiens ont porté un coup au théâtre qui peine à se relever. « La cassure est nette entre générations » nous fait remarquer le même comédien du TNA. « On n'a pas évolué dans le même climat et bénéficié de la même formation. L'institut de Bordj El Kiffan qui a formé les Fellag, Remas, Benani et d'autres n'est plus le même ». Cette génération qui a pris la relève dans les années 80 avait trouvé des ténors comme Mustapha Kateb, Allel El Mouhib, Hadj Omar. Les jeunes qui arrivent aujourd'hui même avec du talent et une grande volonté semblent perdus. « Il y a une sorte de vide nous confie l'un d'entre eux et le comédien n'a plus la même aura ou prestige dans la société ». Même à l'université, on peinera, hormis celui de quelques comédiens auxquels ont a recours dans les spots publicitaires pour téléphone ou yaourt, à vous citer un nom d'acteur ou de metteur en scène. Longtemps espace de critique sociale et politique, le théâtre attire moins de spectateurs pour une autre raison. Les jeunes rompus à d'autres formes d'expression et de contestation sont moins réceptifs à des formes et des thématiques qui leur paraissent surannées. Dans les villes comme Bel Abbés, les Issers, Mostaganem ou Oran ou se maintient une vivace tradition culturelle, les comédiens vivent presque en vase clos. « C'est la question de la fonction sociale du théâtre qui se trouve posée dans une société en plein chamboulement » nous dit notre confrère, Kamel Bendimered, qui suit l'actualité théâtrale depuis une cinquantaine d'années. En somme, l'expression théâtrale est-elle dépassée ou inadaptée par ses formes et ses thématiques ' D'aucuns mettent en avant le manque de pièces écrites par des Algériens au point qu'on a recours autant sinon plus à des adaptations d'auteurs étrangers qui n'étaient inconnus pour les Algériens alors plus ouverts à la culture universelle. Garcia Lorca, Molière ou Eugene, Ibsen Ionesco n'étaient pas des noms inconnus au lycée ou à l'université. Les anciennes comédiennes comme Nouria qui n'ont nullement reçu aucune formation académique parlaient avec familiarité de la « Dame aux camélias » ou de « La Mégère apprivoisée ». Et si on avait oublié une raison plus simple ' Le TNA n'est plus au c?ur d'Alger nous fait remarquer un comédien qui avoue lui-même éprouver des tracas pour stationner. « No parking, no business » ont coutume de dire les Américains. Et si aux causes profondes structurelles s'ajoutent aussi des raisons aussi simples mais qui renvoient à la gestion des espaces urbains et de la place des loisirs dans notre géographie mentale '




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