Algérie

«La kora, mon passeport»



Tamanrasset
De notre envoyé spécial

Le bassiste finlandais, Jouni Isoherranen,  n’est jamais venu en Afrique. Tamanrasset est la première halte de ce musicien aux cheveux longs qui a vécu au Mexique. Avec des mots simples, il exprime sa joie d’être dans le Sud algérien. Il accompagne le chanteur et joueur de kora guinéen, Djeli Moussa Condé, au troisième Festival international des arts de l’Ahaggar. Jeudi soir, à l’esplanade du 1er  Novembre à Tamanrasset, Djeli Moussa Condé a réservé l’exclusivité des chansons de son nouvel album éponyme au public algérien.  On peut même parler d’une exclusivité mondiale pour un festival qui prend de plus en plus de place dans l’agenda culturel international. Selon Vincent Lassalle, producteur, l’album de Djeli Moussa Condé sortira en France le 19 mars 2012, et sera ensuite mis en vente sur le site Internet de l’artiste, djelimoussaconde.com. «La tournée ne commencera qu’après la sortie de l’album. Nous avons décidé de marquer un arrêt, une certaine absence pour mieux retourner sur scène. Nous sommes ici pour une pré-tournée. On ne peut pas dire non à Tam», a expliqué Vincent Lassalle, qui est en même temps batteur du groupe. Bien relayé par la choriste Dioubaté Kandet, que Moussa appelle «ma petite sœur», l’artiste guinéen a interprété avec beaucoup de cœur et d’intelligence ses nouvelles chansons, telles que Nafi, Dounia, Kani Mané, Dalamoroya, M’bumba… Il n’a pas oublié les enfants de Haïti, victimes du séisme dévastateur du 12 janvier 2010 (230 000 morts et 1, 2 million de sans-abri). «Le dernier regard de Goré» se veut un hymne anti-esclavagiste. Sans être un militant radical de gauche, Djeli Moussa Condé, mandingue de cœur et d’esprit, estime que l’esclavagisme s’est développé sous plusieurs formes. «Des formes modernes et hypocrites. C’est aussi un combat», a-t-il dit. Le nouvel album de ce griot urbain marque l’engagement de l’artiste en faveur de la paix et des causes humaines. Il s’est impliqué dans plusieurs actions de l’Unesco. «Nous avons oublié la joie, le partage, la nécessité de s’expliquer», a-t-il confié. Il revendique la World Music, le métissage entre oriental et rythmes brésiliens.  «La World Music pour moi, c’est d’abord la musique traditionnelle, la source de l’inspiration. Avant tout, je suis griot. De père en fils. Tout se fait par transmission orale. Quelle que soit sa modernité, le griot le restera à tout jamais. Comme un puits qui ne sèche jamais !», a-t-il dit, avant d’ajouter : «Le griot est au cœur de la société africaine. Cela dit, je réclame la liberté de chanter. Les gens confondent artiste et griot. L’art est en nous, nous les Africains.» Il a relevé que les jeunes ont développé le jeu de la kora, l’instrument des griots. «Mon père jouait du balafon. J’ai fait entrer la kora dans la famille parce que je voulais autre chose. Mon père m’a envoyé en Gambie pour apprendre le Coran et le jeu de la kora», a-t-il avoué. Djeli Moussa Condé, qui est de mère malienne, a voyagé dans toute l’Afrique de l’Ouest et le Sahel sans papiers d’identité. «La kora était mon passeport. Je partais de village en village. Et chaque soir, je jouais de la kora et je chantais», a-t-il confié fièrement. En discutant avec les journalistes, Djeli Moussa Condé n’a pas cessé de jouer sur les cordes de la kora. Sa musique est plus arrangée qu’écrite, plus naturelle que sophistiquée. Tout est dans l’instinct. Pour lui, Mory Kanté est le doyen. «Depuis notre enfance, nous écoutons Mory Kanté, Salif Keita, Touré Kounda», a-t-il dit. Djeli Moussa Condé, qui dit connaître le raï et la musique kabyle, a travaillé avec des artistes de renom tels que Césaria Evora, Hank Jones, Cheikh Tydiane Seck, Manu Dibango, Janice Derosa, Richard Bona et Alpha Blondy.
 
 


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