Algérie

La Kabylie veut boycotter massivement le scrutin du 10 mai


Lorsque certains préparaient dans la précipitation le 1er novembre 1954 sous le haut patronage des services secrets égyptiens, la Kabylie était déjà au maquis depuis 1947. La vallée du Djurdjura avait une armée de plus de 500 hommes, si bien qu'aucune action armée et révolutionnaire n'était possible sans la Kabylie. La majorité des membres du CRUA (mis sur pied juste après l'Appel de Messali aux militants et la création du MNA en décembre 1953), de Ben Boulaid à Ben M'hidi en passant par Bitat, Diddouche et Boudiaf, est venue en Kabylie apprendre l'abécédaire du militantisme sous la houlette de Benlounes, Ould Hamouda Amar, Lamrani'de même l'Emir Abdelkader dont la seconde femme est originaire du Djurdjura, n'a rien entrepris sans consulter la Kabylie. C'est cette même Kabylie profondément algérienne et musulmane portée sur les valeurs du savoir et de la science qui a définitivement rompu avec la doctrine assimilationniste des ouléma pour s'inscrire à tout jamais dans la logique révolutionnaire. Les Zaouïas de Sid Ali Moussa et de Cheikh Ben Abderhamane, après avoir formé un grand nombre de militants, ont été les premières a militer ouvertement pour la cause indépendantiste'pourquoi donc cette Kabylie si noble, si généreuse dans les sacrifices pour la liberté des algériennes et des algériens, si fraternelle si rebelle et si attachée à l'unité du pays, à la science et à l'Islam n'est plus que l'ombre d'elle-même ' Pourquoi cette Kabylie ne vaut plus rien aujourd'hui et pourquoi refuse t-elle obstinément de renouer avec la tradition politique, intellectuelle et citoyenne qui a fait sa grandeur par le passé' Est-ce qu'il s'agit là du fruit du travail de sape mené insidieusement par les services de la police politique dans la région, des conséquences des violences terroristes ou bien les origines de cette situation désastreuse sont ailleurs ' Bien entendu, il y a un peu de tout cela. Mais reconnaissant tout de même que la Kabylie n'est pas aussi fragile pour céder devant la police politique du DRS et les violences terroristes. Si la région va mal aujourd'hui ; si la région a perdu tous ses repères c'est beaucoup plus en raison des luttes fratricides qui la secouent depuis plus de 20 ans. Les militants de villages et les paysans ne reconnaissent plus aucune autorité à l'Etat et aux partis politiques. Comment la Kabylie peut-elle se consacrer à l'action politique alors qu'elle est secouée sans discontinuer par des luttes fratricides et des querelles inutiles ' Comment participer à une élection alors que pendant plus d'un demi siècle on a refusé de former des militants ayant le sens des responsabilités morales et civiques. Je n'apprends rien à Hocine Ait Ahmed, à Saadi, à Said Khellil, à Zenati, à Mokrane Ait Larbi'ils connaissent mieux que moi les ravages du populisme dans la région. De quelle tactique politique peut-on se prévaloir lorsque les 80% de la population universitaire sont poussés à l'exil et exclus d'office de tous les partis politiques au grand bonheur des idiots et de délinquants qui ignorent jusqu'à la doctrine des partis pour lesquels ils militent ' La Kabylie ne veut donner de leçon à personne. Et comme témoigne son passé, elle refuse d'en recevoir, notamment en matière de militantisme et de patriotisme. En plus du boycott ? qui n'est la propriété de personne et encore moins une action violente- qu'elle désire ardemment, la Kabylie souhaite d'abord mettre de l'ordre dans sa maison et réunifier ses rangs dans l'intérêt des algériennes et des algériens.
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