L'enquête principale, qui a déjà permis de lancer plusieurs mandats d'arrêt à l'encontre de responsables et d'intermédiaires algériens, risque de dévoiler à présent un deuxième niveau de corruption impliquant, cette fois, des entreprises étrangères.Ainsi, l'hebdomadaire italien L'Espresso est revenu hier dans une enquête exclusive sur le scandale de pots-de-vin de 198 millions d'euros versés en Algérie par Saipem, une filiale détenue à 43% par le groupe italien Eni. À en croire l'hebdomadaire italien, de nouvelles connexions vers deux sociétés syriennes, ayant travaillé comme sous-traitants pour Saipem, viennent d'être mises en lumière par les magistrats milanais.
Ces deux entreprises auraient encaissé, à elle seules, la bagatelle de 1,5 milliard d'euros, révèle l'article. La brigade financière, ou la guardia di finanza italienne, enquête actuellement pour connaître les propriétaires réels de ces entreprises et de mettre en lumière la teneur d'une série de réunions secrètes tenues dans un hôtel de luxe à Milan, entre les gestionnaires italiens de Saipem impliqués dans l'affaire et des hommes d'affaires syriens.
La justice italienne soupçonne que ces discussions secrètes auraient servi à gonfler les prix. L'enquête principale, validée par la Cour de révision de Milan, a déjà conduit à l'arrestation de Pietro Varone, ancien directeur de la division ingénierie et construction de Saipem et présenté comme l'homme-clé du système de corruption mis en place entre 2007 et 2009. C'est d'ailleurs lui qui a vendu la mèche concernant l'implication de Farid Bedjaoui, propriétaire de la société offshore qui a bénéficié des pots-de-vin de 198 millions d'euros par le biais de faux conseils. Malgré ses aveux, Varone qui aspirait à un statut de "repenti" croupit depuis le 28 juillet dernier à la prison milanaise de San Vittore. Et parmi les autres suspects italiens, contraints de démissionner en 2012, figure le numéro un de l'ensemble du groupe Eni, Paolo Scaroni, qui, lui, nie, à ce jour, toute malversation.
Ce dernier qui aurait tout de même participé à cinq réunions entre Paris et Vienne avec l'ancien ministre algérien de l'Energie, Chakib Khelil, et son trésorier occulte, Farid Bedjaoui, a été mis en examen par le parquet de Milan pour corruption internationale. Cela étant, pour L'Espresso, les nouvelles révélations proviennent surtout des aveux de Tullio Orsi, l'ancien président de Saipem-Algérie, que ses supérieurs auraient voulu, selon l'article, jeter en pâture. Orsi aurait ainsi déclaré avoir assister à une série de réunions privées à l'hôtel Bulgari à Milan entre Varone (dans certains cas avec d'autres gestionnaires de Saipem), Farid Bedjaoui, et des représentants des sous-traitants syriens Lead et Ouais. À l'issue de ces conciliabules, il a été décidé d'exagérer les prix déjà très élevés de plus 3%. Les juges milanais ont découvert, ainsi, que Lead est un groupe syrien qui a reçu par Saipem des commandes algériennes pour 850 millions d'euros. Quant à Ouais, qui était jusqu'en 2006 une entreprise familiale syrienne de constructions avec un chiffre d'affaires annuel de 20 millions de dollars, elle s'est transformée entre 2007 et 2008 en Ogec, un groupe avec des bureaux à Beyrouth et à Dubaï et qui a remporté pour 623 millions de dollars de marchés auprès de Saipem en Algérie. La moitié du capital de Ogec appartient aux fondateurs syriens, les frères Bassam et Ghassan Ouais et 48% est détenu au nom de Farid Bedjaoui trésorier. Il reste 1% du capital qui revient au directeur financier d'Ogec qui n'est autre qu'un ancien employé de Saipem. D'autres enquêtes sur des comptes bancaires à l'étranger ont également révélé que les mêmes sociétés syriennes ont payé plusieurs millions d'euros directement à Bedjaoui, présenté par L'Espresso comme le trésorier en chef des pots-de-vin sur le pétrole algérien.
Dans ce contexte de prix gonflés et de corruption généralisée, les magistrats italiens pensent que "le système de sous-traitants" a également été utilisé pour retirer des pots-de-vin dans la péninsule italienne même.
D'ailleurs, Orsi a révélé que lui et Varone avaient reçu chacun plus de cinq millions d'euros de la part du Franco-Algérien Farid Bedjaoui. Orsi a même ajouté qu'en 2012, une fois que le scandale a éclaté, Varone lui avait ordonné d'aller à Dubaï pour fermer l'entreprise syrienne Ogec comme si celle-ci était une société secrète contrôlée par les gestionnaires italiens. En somme, derrière le scandale de Sonatrach se cache d'autres vérités dont certaines risquent d'êtres encore plus énormes que celles éventées jusqu'à présent. Un vrai système de poupées russes.
M .C .L
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Posté Le : 07/09/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed Chérif LACHICHI
Source : www.liberte-algerie.com