Algérie

La justice invalide les élections de l'Ordre des médecins



Le ministre de la Santé a porté plainte contre le Conseil national de l'Ordre des médecins pour non-respect du protocole sanitaire contre le Covid-19 en organisant les élections de renouvellement des membres du conseil, en mai dernier. Le département de Benbouzid a rendu publique, cette semaine, une décision de justice jugeant illégales ces élections. Le docteur Bekkat Berkani, qui compte faire appel de cette décision, a souligné que le Conseil d'Etat a déjà validé ces élections.Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Le torchon brûle toujours entre le ministre de la Santé et le président du Conseil national de l'Ordre des médecins. Aucune attaque publique, mais les tensions sont palpables depuis la décision du ministre de la Santé d'exclure le président de l'Ordre des médecins du Conseil scientifique du suivi de la pandémie de Covid-19 dont il était membre. L'histoire ne s'arrête pas là.
Au mois de mai dernier, le Conseil national de l'Ordre des médecins a tenu des assemblées générales locales pour le renouvellement de ses membres. Mohamed Bekkat Berkani, qui est à la tête de l'ordre depuis 2002, a été réélu pour un nouveau mandat. Le ministre de la Santé n'a pas manqué de réagir à cet événement en déposant plainte auprès du tribunal administratif pour non-respect du protocole sanitaire contre le Covid-19.
Le ministère de la Santé a jugé l'endroit des élections, en l'occurrence le siège du Conseil de l'Ordre des médecins, sis à Kouba, «très étroit» pour abriter des élections en pleine pandémie.
Le département de Benbouzid a, en effet, proposé au Conseil de l'Ordre de tenir ces élections dans les hôpitaux de Beni Messous ou Parnet. Chose que le Conseil de l'ordre «a refusée», précise-t-on du côté du ministère de la Santé.
Par ailleurs, le président du Conseil national de l'Ordre des médecins se dit «étonné» par cette décision de justice. «Nous ne commentons pas une décision de justice mais nous sommes étonnés puisque nous avons un arrêté du Conseil d'Etat garantissant la validation des élections», a déclaré Mohamed Bekkat au Soir d'Algérie. Il a expliqué qu'il s'agit d'une «décision de justice sur le fond concernant le renouvellement de la moitié de la section d'Alger, mais il se trouve qu'à l'époque, soit au mois de mai dernier, nous avons introduit un recours auprès du Conseil d'Etat qui a annulé la décision du référé du tribunal administratif d'Alger, et maintenant nous avons été surpris par cette décision du tribunal administratif, qui est en principe le tribunal subalterne par rapport au Conseil d'Etat qui est la juridiction suprême, de persister dans l'annulation des élections et de venir six mois après nous demander le renouvellement de la moitié de la section d'Alger», a déclaré Mohamed Bekkat.
Ce dernier a précisé que le Conseil de l'ordre «applique et respecte les lois de la République», cependant, il va faire appel de cette décision «auprès des juridictions compétentes». Les élections seront-elles refaites ' «Elles seront refaites lorsque nous aurons épuisé toutes les voies de recours ; or, c'est le début du commencement d'une nouvelle procédure», a expliqué le docteur Bekkat. Il a rappelé que le ministère de la Santé a, certes, proposé à l'époque la tenue de ces élections dans les hôpitaux, mais c'était contraire à la loi électorale.
«Ils nous ont proposé, une semaine avant la tenue de ces élections, de déplacer les lieux de vote ; or, les lieux de vote sont déterminés trois mois avant, nous avons un code électoral auquel nous sommes soumis et nous ne pouvions pas déplacer le lieu de vote tout simplement», a souligné le président de l'Ordre des médecins. «Nous allons utiliser tous les moyens que nous confère la loi pour faire opposition», a déclaré le docteur Bekkat qui a souligné que le Conseil de l'Ordre n'a pas encore été notifié par cette décision. «Cette feuille a été envoyée par l'administration du ministère de la Santé à toutes les DSP leur disant que les élections de renouvellement du Conseil de l'Ordre sont annulées, l'ordre est une institution pérenne qui respecte l'autorité de la justice, je ne fais la guerre à personne, mais il y a des formes qu'il faut respecter, à commencer par la notification officielle par un huissier de justice au niveau du Conseil de l'Ordre», a précisé le docteur Bekkat.
S. A.
Le Soir d'Algérie a tenté, pendant deux jours, de contacter le ministère de la Santé pour avoir sa version des faits. Malheureusement, malgré nos nombreuses tentatives, nous n'avons reçu aucune précision supplémentaire.


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