Algérie

La justice et les médias



18 journalistes algériens risquent d?être jetés en prison en 2006. Ils ont été condamnés en 2005, en première instance, à des peines de prison ferme qui seront très vraisemblablement - c?est la tendance de l?heure - confirmées en appel. Jamais il n?y a eu autant de condamnations depuis l?apparition de la presse indépendante en 1990. Il y a lieu de s?en inquiéter. Le rouleau compresseur mis en place par les pouvoirs publics, pour laminer la liberté de la presse dans notre pays, est tout simplement effarant. Incontestablement, la cour d?Alger détient le record en la matière avec une gestion expéditive des dossiers de presse par des juges dont certains n?ont même pas lu la loi sur l?information, mais qui s?attachent, avec beaucoup d?empressement, à épingler les journalistes. La machine judiciaire, tant critiquée pour ses lenteurs, sa pesanteur bureaucratique à gérer les affaires en suspens, en tout genre, des citoyens, des entreprises, est par contre d?une redoutable efficacité quand il s?agit des délits de presse. Le lien avec la politique est vite fait. La Constitution algérienne garantit pourtant le droit à l?information des citoyens. Est-ce de la naïveté que de penser que l?exercice journalistique plein et entier est une bonne chose pour l?équilibre de la société algérienne ? Nos dirigeants sont persuadés du contraire. Ils ont doté notre pays d?une législation extrêmement répressive. Très peu de pays au monde possèdent, encore, un tel carcan juridique. Des dizaines de pays africains, qui n?ont pas atteint, loin s?en faut, notre développement économique, social, culturel ont délibérément opté pour une législation nettement plus libérale. Les pouvoirs publics ont fait le choix politique de bâtir une relation avec la presse fondée sur le rapport de force, très préjudiciable à l?image et à la grandeur de notre pays. Doit-on s?étonner du classement peu flatteur de l?Algérie dans l?échelle des libertés, dressé chaque année par les organisations internationales, alors que notre liberté de ton, réelle, est inégalée dans le monde arabe, mis à part le Liban ? La machine à condamner les journalistes tournera, encore, à plein régime en 2006.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)