Algérie

La justice déjugée



Le Président Bouteflika a renouvelé, lors du meeting organisé jeudi à Oran, son appel aux anciens responsables du Fis réfugiés à l?étranger et condamnés par contumace par la justice algérienne de rentrer au pays en les assurant de toute la mansuétude de l?Etat en application des dispositions du projet de charte sur la réconciliation nationale. « Le peuple algérien est prêt à vous accueillir avec du lait et des dattes », a-t-il lancé allant jusqu?à requalifier les délits d?apologie du terrorisme pour lesquels ils furent condamnés par la justice algérienne en présentant leurs auteurs comme des opposants politiques condamnés « pour leurs opinions politiques ». La qualité de premier magistrat du pays donne-t-elle au président de la République les prérogatives d?interférer dans une décision de justice en requalifiant un délit sans que la justice ait eu son mot à dire ? Le président de la République dispose du droit constitutionnel de grâce, mais il n?a pas, en revanche, le droit de se substituer à la justice et aux juges qui ont instruit les dossiers en question. Implicitement, le chef de l?Etat déjuge les magistrats ayant eu en charge ces dossiers et à travers eux la justice algérienne qui se serait, à suivre le raisonnement de Bouteflika, rendue coupable d?un déni de justice en condamnant pour terrorisme de respectables citoyens affublés désormais du statut d?opposants politiques. En dépit de toutes les concessions politiques faites par le Pouvoir pour susciter l?adhésion au projet de charte sur la réconciliation nationale des responsables politiques du parti dissous, aussi bien ceux qui se trouvent en Algérie et qui jouissent de leur pleine liberté, que ceux ayant fui à l?étranger et condamnés par contumace, les appels réitérés de Bouteflika ne suscitent paradoxalement, pour l?heure, aucun enthousiasme dans l?entourage des anciens responsables de la direction politique du parti dissous. On n?a pas encore entendu une seule voix à l?intérieur comme à l?extérieur du pays se féliciter de cette nouvelle donne politique laquelle, quoi que l?on dise, les réhabilite pourtant politiquement en accédant à une très grande partie de leurs revendications qu?ils n?ont pu faire avaliser par le passé à la faveur de différentes initiatives politiques à l?image de la plateforme de Sant?Egidio qui n?est qu?une copie presque conforme du projet de charte sur la réconciliation nationale. Avec cette seule nuance que le texte qui sera soumis à référendum le 29 septembre prochain fait l?impasse sur la réactivation du parti dissous et disqualifie ses dirigeants de toute activité politique. Pour le moment.


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