Algérie

La justice convoque de hauts cadres du secteur de l'énergie Affaire SNC-Lavalin



La justice convoque de hauts cadres du secteur de l'énergie Affaire SNC-Lavalin
Le pôle pénal spécialisé de Sidi M'hamed a entamé les premières auditions relatives au marché de construction de la centrale électrique de Hadjret Ennous. L'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, fait partie des personnes convoquées et se retrouve pour la première fois concerné par une procédure judiciaire.
Instruite depuis peu, au niveau du pôle judiciaire spécialisé près le tribunal de Sidi M'hamed, l'affaire SNC-Lavalin, liée à l'attribution du marché de réalisation de la centrale électrique de Hadjret Ennous, à Tipasa, en 2005, pour un montant de 826 millions de dollars, entame sa vitesse de croisière. Le juge d'instruction a convoqué plusieurs personnes en tant que témoins, ainsi que des représentants de sociétés citées comme personnes morales.
Selon nos sources, de nombreuses convocations ont été adressées à une liste de personnes citées comme témoins dans un premier temps, dont les premières ont été entendues en début de cette semaine. Parmi les noms que le juge a convoqués, celui de Chakib Khelil, dont une convocation a été déposée à son domicile situé à la résidence Chabani, à Hydra, Alger. Des convocations ont été également envoyées à plusieurs cadres dirigeants du secteur de l'énergie ayant un lien direct ou indirect avec l'attribution du marché de construction de la centrale électrique de Hadjret Ennous à SNC-Lavalin en 2005. L'enquête, faut-il le rappeler, porte sur les conditions dans lesquelles ce marché a été donné de gré à gré au groupe canadien et surtout quel rôle a joué Farid Bedjaoui, né en France (en septembre 1969).
En effet, qualifié de «golden boy» par les Canadiens, ce dernier avait été utilisé par les dirigeants de SNC-Lavalin dans le cadre de la «mise en relation d'affaires», afin d'obtenir de nombreux marchés pour une somme de près de 9 milliards de dollars en moins de dix ans, en contrepartie de commissions versées sur des comptes domiciliés soit dans les pays du Golfe, soit en Suisse. Selon nos sources, «le montant de ce marché est largement plus important que son coût réel».
C'est Chakib Khelil, en tant que ministre de l'Energie, qui aurait pesé de son poids pour l'attribuer à SNC-Lavalin, après des négociations avec les dirigeants du groupe canadien menées par Farid Bedjaoui. Trois ans plus tard, dans les mêmes conditions et avec «les bons offices» de Farid Bedjaoui, SNC-Lavalin a aussi obtenu, toujours sous la formule du gré à gré (sans aucune justification), le marché relatif aux études et à l'exécution des prestations de suivi, de contrôle et de coordination des travaux de construction de la ville de Hassi Messaoud pour un montant de 38,152 milliards de dinars. Pour nos sources, ces affaires auraient été traitées entre Farid Bedjaoui et Chakib Khelil, avec comme contrepartie des commissions qui pourraient s'expliquer par les coûts jugés excessifs des marchés.
Selon nos interlocuteurs, dans ce dossier ainsi que celui dit Sonatrach 2, lié au groupe pétrolier italien ENI et sa filiale Saipem, les noms de l'ex-ministre de l'Energie et de Farid Bedjaoui ont été largement cités. Il est de notoriété que les juges chargés de l'enquête de les convoquer pour les confronter aux griefs qui leur sont reprochés. Mais si les autorités judiciaires ont la possibilité de convoquer Chakib Khelil à son adresse en Algérie, il n'en est pas de même pour le cas de Farid Bedjaoui.
N'ayant pas d'adresse en Algérie, où il ne vient qu'exceptionnellement, il sera très difficile pour le juge de l'entendre, sauf s'il passe par la procédure de la commission rogatoire délivrée à la justice du pays où il réside. Or, Farid Bedjaoui a une résidence en France, une autre au Canada et une troisième aux Emirats.
Par ailleurs, il est important de préciser que la convocation de Chakib Khelil dans le cadre de l'affaire SNC-Lavalin était prévisible dans la mesure où il a été le principal ordonnateur de l'octroi du marché de construction de la centrale électrique au groupe canadien.
Dans la première affaire Sonatrach, actuellement à la Cour suprême, le juge du pôle judiciaire pénal spécialisé de Sidi M'hamed a refusé de convoquer en tant que témoin l'ex-ministre, rejetant ainsi les demandes de nombreux avocats, notamment ceux de Mohamed Meziane, faisant état de la nécessité de le questionner sur ses instructions verbales et écrites dans sa gestion du groupe Sonatrach.
Peut-on espérer voir la justice aller jusqu'au bout de ces scandales, faire la lumière sur les tenants et les aboutissants et prouver aux justiciables désabusés que nous sommes, que nul ne peut être au-dessus de la loi ' L'avenir nous le dira.


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