Algérie

La justice a subi des mutations, pas une réforme


Bouteflika a accédé en 1999 à la magistrature suprême avecl'intention déclarée de procéder à une vaste et profonde rénovation del'organisation et du fonctionnement de l'Etat. Aussitôt installé à El-Mouradia,il a ouvert à cet effet des chantiers de réformes sur plusieurs fronts, dontcelui de la justice s'est vu attribuer la priorité en terme d'attention et desuivi. Il n'empêche que malgré ce suivi particulier dont il fait l'objet, cechantier, tout comme les autres, a été engagé dans des méandres au point qu'encette rentrée de l'année judiciaire 2008 ouverte hier par le chef de l'Etat, ilest difficile de voir dans les mutations intervenues dans le secteur de lajustice une réelle réforme en profondeur.Certes, le secteur judiciaire a subi un lifting positif parbeaucoup de ses aspects. C'est ainsi par exemple que le citoyen qui sollicitel'administration judiciaire est moins confronté à ses lenteurs et à sestracasseries bureaucratiques. Il est vrai aussi que beaucoup d'actes juridiquesse formalisent plus rapidement qu'auparavant. De même que l'on peut parlerd'avancées positives, des nouvelles dispositions introduites dans lalégislation judiciaire, concernant par exemple le recours à la détentionpréventive. Il n'en demeure pas moins que la justice reste aux yeux descitoyens l'institution à laquelle il ne faut pas avoir le malheur de seconfronter et ce pour n'importe quel motif. Les réformes engagées sont en effetloin d'avoir effacé l'image qu'ont ces citoyens d'une justice fermée auxfaibles, et auxiliaire des puissants.Il est vrai qu'une réforme de la justice allant dans lesens de l'indépendance de cette institution par rapport aux autres pouvoirs, deson équité à l'égard de tous les justiciables, n'est pas affaire uniquement denouveaux textes. Elle dépend d'abord de l'existence d'une volonté politique dene pas asservir l'appareil juridique et d'en respecter la neutralité et laliberté de rendre la justice avec pour seule exigence «la loi est au-dessus detous». Ce qui est loin d'être le cas dans le pays, où les exemples foisonnentde l'instrumentalisation de l'appareil judiciaire par le pouvoir politique.Pour que les citoyens retrouvent confiance dans leurinstitution judiciaire, faut-il également qu'elle s'attaque plus implacablementqu'elle ne l'a fait aux «moutons noirs» incrustés en son sein dont lecomportement jette la suspicion sur celui de toute la magistrature.Ces dernières années, les autorités judiciaires ont procédéà des opérations de nettoyage salutaires. Il n'en demeure pas moins que celan'a pas encore suffi à convaincre les citoyens qu'un vent salutaire a soufflédans l'appareil judiciaire. Le président de la République qui est en même tempsle premier magistrat du pays, n'est assurément pas lui-même convaincu que celas'est effectivement produit, d'où ses charges contre ceux qui parmi lesmagistrats continuent à être perméables à la corruption, au népotisme et audéni de justice.
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