Algérie

La junte militaire égyptienne tente de désamorcer la crise



Les manifestants, qui ont passé leur deuxième nuit dans un village de tentes au milieu du vaste carrefour fermé à la circulation, se sont déclarés déterminés à ne pas quitter les lieux avant d’avoir obtenu satisfaction. «Plus nous resterons sur la place, plus on répondra à nos revendications», a déclaré à l’AFP Dina Mohammed, une militante. «Puisque nous n’avons pas d’opposition forte, nous devons utiliser la manifestation», a-t-elle expliqué.
Plusieurs mouvements de jeunes pro-démocratie, très actifs sur internet, ont également appelé à la poursuite de l’occupation de ce haut lieu du soulèvement contre le président Hosni Moubarak en début d’année. Un piquet de grève a été formé au sud de la place devant la «Mougamma», un immense complexe gouvernemental, emblématique de l’appareil administratif tentaculaire du pays. «Nous avons réussi à convaincre beaucoup d’employés de ne pas aller au travail», a expliqué Ghada Shahbender, une militante des droits de l’homme qui manifeste régulièrement place Tahrir depuis près de six mois.
Après deux semaines de tensions croissantes marquées par des affrontements entre la police et les manifestants, le Premier ministre s’est engagé à satisfaire certaines revendications à travers une série de mesures annoncées lors d’un discours télévisé. M. Charaf a ainsi annoncé le renvoi des policiers accusés d’avoir tué des manifestants lors du soulèvement anti-Moubarak en janvier et février. Il a également promis une justice plus rapide et plus ferme pour les personnes tenues responsables de ces violences – qui ont fait officiellement près de 850 tués civils – ainsi que pour les notables de l’ancien régime jugés pour corruption.
Au sujet des réformes sociales, il s’est cependant contenté d’annoncer   avoir demandé au ministre de la Solidarité sociale de prendre en charge les problèmes de sécurité sociale, d’éducation, de salaires et de retraites.     Ce discours a été accueilli sans enthousiasme par les manifestants, qui   jugent ces mesures insuffisantes et accusent le Premier ministre d’être trop faible face au Conseil militaire chargé de diriger le pays. Pour Magdy Mossaad, venu manifester place Tahrir, «le Premier ministre est face à une fuite d’eau, et au lieu de fermer le robinet, il essaye de ramasser l’eau à la main». M. Charaf «a répondu à une seule de nos revendications», a regretté Riham Adbel Salam, 23 ans, celle sur les policiers accusés de meurtre.
Les manifestants exigent en effet le renvoi et la mise en examen de tous   les policiers impliqués dans des affaires de meurtre ou de torture, pendant la révolte de janvier-février mais aussi avant. Ils réclament aussi la fin des procès militaires pour les civils et l’éviction de l’ensemble des membres de l’ancien régime encore présents dans les sphères du pouvoir et de la haute administration. Plusieurs dizaines de membres du régime déchu ou de proches du clan Moubarak sont actuellement jugés pour les violences contre les manifestants, ou pour de multiples affaires de corruption. Plusieurs anciens ministres ont déjà été condamnés. Mais une récente multiplication de relaxes, de libérations sous caution ou de renvois de procès, dans des affaires concernant des anciens ministres, des hommes d’affaires ou des policiers, a relancé les accusations sur le manque de   détermination du nouveau pouvoir à tourner la page des années Moubarak.


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