Algérie

La joie des uns, la frustration des autres


Les mieux outillés financièrement achètent leur billet (60 000 DA), les autres attendent une éventuelle gratuité. Alger-Centre, la veille du match. A quelques jets de la place Audin qui grouille de monde en ce jour de semaine, une foule compacte se met devant une agence de l'ONAT, premier tour operator algérien. Un cordon de sécurité est déjà dressé par la police afin d'éviter tout débordement. Des jeunes et moins jeunes sont là. Les mieux outillés financièrement achètent leur billet (60 000 DA), les autres attendent une éventuelle gratuité. Ils ne perdent pas espoir. Le coup d'Omdurman au Soudan est toujours dans les esprits. Plus de 10 000 supporters y avaient été transportés aux frais de l'Etat. Cette fois-ci, officiellement, rien de gratuit n'a été prévu. « De toute manière, nous ne travaillons pas. Tuer le temps ici ou dans mon quartier à Bab Djedid, c'est pareil ! », lâche Ayman, qui ne cache pas sa frustration de ne pas pouvoir aller en Angola pour soutenir les Verts. « Un billet à 60 000 DA, c'est au-dessus de mes moyens », enchaîne son ami, Djalal, 28 ans. Un policier posté devant l'entrée de l'agence fournit tous les renseignements nécessaires sur la procédure et les documents qu'il faut pour effectuer ce « voyage purement footballistique ». Sous une pluie fine, deux jeunes parlementent avec un policier. Ils veulent savoir s'il y a encore de l'espoir pour un vol gratuit. Question à laquelle le policier ne saura répondre.Ces deux jeunes, visage couvert de vert et blanc, ne désespèrent pas. Ils prennent place pas loin de l'entrée et attendent. « Si je travaillais et percevais un salaire de 40 000 DA, j'aurais emprunté la somme nécessaire pour m'offrir ce voyage et rembourser après », nous dit l'un d'eux, avec un brin de regrets. L'autre ne veut nullement débourser pour ce voyage. Il rêve d'un voyage gratuit : « Je ne suis pas prêt à dépenser 60 000 DA pour un billet en Angola, bien que j'adore le foot et notre sélection nationale. » Derrière le cordon de sécurité, un groupe de jeunes fait la fête avec tambour et trompettes. Ceux-ci ont déjà fait la réservation et prendront le premier vol d'Air Algérie. « Je ne pouvais pas rater une telle occasion d'assister à une demi-finale de la Coupe d'Afrique et supporter notre équipe qui a merveilleusement joué contre la Côte d'Ivoire », dit Hamza, cet inconditionnel du foot.Ces amis avouent être « surexcités » à l'idée de penser qu'ils seraient aux côtés des Verts dans ce match de demi-finale face à un adversaire bien connu du public algérien : l'Egypte. « Je me suis endetté pour ce voyage. Mais je suis content », s'excite Amine, exhibant son billet d'avion et son passeport. Tout le groupe se met à scander le fameux « One, two, three, viva l'Algérie ». « Nous allons gagner Incha Allah et prouver aux Egyptiens que nous n'avons pas volé notre qualification pour le Mondial. Notre équipe sait jouer au ballon et je sens qu'il y aura comme contre la Côté d'Ivoire du beau jeu », ajoute Amine. Les matchs opposant les deux pays ont toujours suscité un intérêt particulier. Celui-ci encore plus. A l'intérieur de l'agence, quelques agents s'affairent à prendre en charge les clients qui se comptent par dizaines. « Plus de 200 billets sont déjà écoulés et vous voyez encore ce beau monde », nous explique un agent. Assis sur un banc, passeport et photos à la main, Ahmed attend placidement son tour. « J'ai toujours rêvé de visiter un pays d'Afrique noire. L'occasion s'est présentée. Je me suis dit pourquoi pas, d'une pierre deux coups », explique-t-il, tout en priant que le onze national puisse passer l'écueil égyptien et pourquoi pas revenir avec la coupe, la deuxième pour l'Algérie.
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