Algérie

La jeunesse perdue des jeunes de Kabylie Le chômage handicape les jeunes



La jeunesse perdue des jeunes de Kabylie                                    Le chômage handicape les jeunes
Photo : S. Zoheir
De notre correspondant à Tizi Ouzou
Lakhdar Siad

Une étude récente, rendue publique cette semaine par la Banque africaine pour le développement (BAD), montre que les pays d'Afrique du Nord, dont l'Algérie, restent très faibles dans le domaine de la lutte contre le chômage, notamment parmi les plus jeunes candidats au travail. Le taux officiel de chômage (se basant sur des statistiques de jeunes recensés-15/24 ans) dans ces pays atteint la barre dangereuse des 23% alors que ce taux est quatre fois plus élevé chez les adultes. Il atteindrait les 41 % hors statistiques. Au mois de mai dernier, le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Réda Hamiani avait déclaré que les pouvoirs publics doivent créer
350 000 postes d'emploi par an pour espérer endiguer le fléau. «L'économie algérienne a besoin de créer, en se basant sur le taux d'accroissement annuel de la population, 350000 postes d'emploi chaque année. Mais malheureusement on est loin de ce chiffre», a-t-il affirmé. Selon des données officielles, l'Algérie compterait une population active d'environ 11 millions alors que la frange active avoisine les 10 millions d'habitants. Plus de 73 % des chômeurs ont moins de 30 ans, 21,5 % ont entre 16 et 24 ans et le taux de chômage officiel avancé est, en 2010, d'un peu plus de 10 %.Pas besoin d'être expert pour savoir que ce sont les jeunes demandeurs d'emploi qui constituent le plus gros lot des victimes du chômage. Le topo quotidien qu'offrent les rues, les cafés, les espaces publics bondés de jeunes dés'uvrés, suffit pour mesurer les souffrances de cette frange. Ni travail ni loisirs, ni perspectives, ni horizons. Dans la wilaya de Tizi Ouzou où les maux sociaux connaissent une forte concentration et où le chômage fait des centaines de milliers de malheureux, la vie des jeunes ne ressemble en rien aux critères, normes ou standards établis sous des cieux cléments. A titre d'exemple, les infrastructures sportives et de loisirs font tout simplement défaut dans la quasi-totalité des localités de la région où le mot : se détendre, ne rime à rien. Les projets de ce genre ne sont pas livrés, pour la plupart et certains traînent depuis des années ou parfois même des décennies. Les éternelles «contraintes de réalisation» reviennent toujours dans la bouche des responsables locaux quand il s'agit de justifier l'injustifiable. Le projet de construction d'un stade à Tirsatin, commune d'Azazga (40 000 habitants environ), à 37 kilomètres à l'Est de Tizi Ouzou est à ce propos suffisant pour dire toute la nonchalance, la mauvaise volonté ou la fuite en avant des autorités locales vis-à-vis des préoccupations de base de la jeunesse. Le projet date de 1990-1991, il a plus de 20 ans et rien ne marche pour sa réception immédiate à voir la cadence des travaux qui manquent sérieusement de régularité. D'autres infrastructures de la jeunesse connaissent les mêmes problèmes et n'arrivent pas à voir le jour dans plusieurs localités de la wilaya de Tizi Ouzou. C'est le cas de centres sportifs de proximité (CSP) de plusieurs communes ou daïras de la région où les loisirs se font réellement désirer. Et quand les jeunes tentent quelque chose d'autre que de partir à l'étranger, c'est carrément un véritable casse-tête. De jeunes entrepreneurs de micro-entreprises créées dans ce cadre (Ansej, Cnac et Angem) et organisées en «Forum des promoteurs de jeunes entrepreneurs» de la wilaya de Tizi Ouzou avaient lancé récemment un cri de détresse à l'adresse des autorités locales. «Le constat est amer, des milliers de petites entreprises sont plus que jamais menacées du spectre de la faillite si l'Etat ne prend aucune mesure d'encadrement et d'accompagnement au profit de leurs promoteurs», écrivaient ces jeunes désemparés. Parmi les obstacles, ils citent les plus importants : «le marché est sous l'emprise d'une bureaucratie et d'une corruption : qui étendent leurs tentacules sur tous les secteurs de la vie économique du pays », relevaient-ils ajoutant que «les marchés publics sont loin d'être à la portée des micro-entreprises, un marché de sous-traitance escamoté par des spéculateurs, une absence d'étude sérieuse du marché du travail, une défaillance notable des études techniques et économiques, une absence d'accompagnement, information et orientation à quoi s'ajoute un harcèlement de la part des banques (') une énorme difficulté à respecter leurs tableaux d'échéanciers en raison du manque d'activité et la masse pesante de charges (')le manque de liquidités pour financer le cycle d'exploitation, l'inadéquation des flux monétaires entrants et sortants, le traitement lent des dossiers par les banques lors de la réalisation et lors de la certification des chèques et leurs conséquences via un deuxième tableau d'échéancier (intérêts intercalaires à la charge du promoteur), le retard dans le traitement des situations par les services concernés qui se répercute sur les pénalités à payer par les promoteurs déjà en situation financière désastreuse». Le forum appelle à l'arrêt du harcèlement par les banques, la valorisation des études technico-économiques en prenant en compte le facteur de saturation et le fonds de roulement ainsi que la suppression des droits de dépôt des comptes sociaux pour les personnes morales la création d'un fonds de solidarité avec les micro- entreprises, la réglementation de l'intégration des micro-entreprises dans la sous-traitance, la prorogation de la durée d'exonération d'impôts, l'accès au rééchelonnement de la dette sans variation du taux d'intérêt et la reconsidération des modalités d'octroi des locaux. Au mois d'avril dernier, plusieurs centaines de travailleurs du pré-emploi de la wilaya de Tizi Ouzou ont marché au chef-lieu de wilaya pour dire «Bouteflika, on veut nos droits» «halte à l'exploitation», et demander leur régularisation.Alors y a-t-il de la place pour les jeunes en Kabylie '


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